Il n'existe pas en France de risque « d'explosion d'une bulle immobilière » selon les professionnels du bâtiment, mais ils préviennent que les prix des logements « devraient néanmoins s'orienter à la baisse durant plusieurs trimestres ».
La Fédération française du bâtiment (FFB) a affirmé, lors d’un colloque intitulé « L’immobilier est-il un handicap pour la France ? », qu’elle ne privilégiait pas l’hypothèse d’un « risque d’explosion d’une bulle immobilière » mais que néanmoins « les prix devraient s’orienter à la baisse durant plusieurs trimestres ».
« Malgré l’effondrement du volume des transactions et le recul massif des mises en chantier, les prix de l’immobilier ne se sont pas écroulés depuis 2010 », rappelle Didier Ridoret, le président de la FFB. Pour la principale organisation patronale du secteur, il n’existe pas de risque d’éclatement d’une « bulle immobilière » en France, contrairement à ce qui s’est passé en Espagne et aux Etats-Unis, car « les besoins en logements liés à la démographie, au vieillissement et à la décohabitation persisteront ». Surtout que de nombreux vendeurs refusent de baisser leur prix, quitte à patienter plusieurs mois, voire à ne pas vendre.
Ces besoins sont estimés à 500.000 logements neufs par an alors que le nombre de mises en chantier à chuté en 2012 à 304.234, très loin des objectifs des pouvoirs publics. Toutefois, souligne la FFB, « deux facteurs pourraient contrecarrer ce pronostic : une forte hausse des taux d’intérêt et l’impact du vieillissement de la population sur les décisions de vente et d’achat » qui pourraient provoquer un afflux de biens sur le marché de la part de ménages riches en patrimoine immobilier mais pauvres en revenus, donc un risque très grand d’une chute des prix.
- Attention aux taux d’intérêt
Le plongeon des taux d’intérêt des emprunts immobiliers (avec un plus bas historique à 3,13 % en moyenne en février 2013 contre plus de 17 % en 1990) a en effet permis d’empêcher l’éclatement d’une bulle en dépit d’un doublement des prix dans l’ancien, entre 1996 et 2011, a souligné Michel Mouillart, professeur d’économie à Paris-Ouest et expert du secteur. L’annuité moyenne de remboursement des prêts a en effet baissé de 40 % pendant cette période, ce qui a limité l’impact de la hausse des prix à 15 % soit seulement à 1 % par an.
Mais attention à une nouvelle envolée des taux d’intérêt car alors il existerait « beaucoup de symptômes d’une bulle », a averti Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques).
La mise en cause, par de nombreux hommes politiques et certains banquiers, de l’immobilier, capteur d’une importante partie de l’épargne des Français au détriment des actions et de l’assurance-vie, comme une des principales causes de la baisse de la compétitivité de la France remonte à une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) de mai 2010. Celle-ci affirmait que l’envolée des prix des logements en France avait « exercé un effet massif de détournement du capital au détriment des secteurs exportateurs, engagés dans la concurrence internationale ». Entre 2000 et 2007, période de forte hausse des prix immobiliers, soulignait en effet l’OCDE, le nombre d’entreprises françaises exportatrices à diminué de 10 % alors qu’un quart des créations d’entreprises s’est effectué dans le secteur de la construction contre seulement 5% dans l’industrie manufacturière.