Prix, crise de l’offre, transaction, Maître Olivier Gautier, président de la Chambre des notaires du Finistère et notaire à Quimper, analyse le marché sud-Finistérien.

La crise sanitaire a-t-elle ou va- t-elle avoir un impact sur le marché immobilier ?

Avant le 1er confinement le marché était dynamique, les volumes de transactions importants et puis, en mars, tout s’est figé. Plus de transactions, plus de visites, plus de dossiers. L’arrêt a été brutal et nous étions pour le moins inquiets. Visiblement à tort, puisque dès la fin du confinement les acheteurs sont revenus nombreux en agences et en études.

Le volume d’activité a repris sur le rythme du début d’année. Maintenant sur l’état du marché, à plus long terme, je reste prudent. Le marché de l’immobilier n’est jamais déconnecté de l’économie réelle et aujourd’hui on ne mesure pas les conséquences de la crise sanitaire qui n’est toujours pas derrière nous.

Maître Olivier Gautier, président de la Chambre des notaires du Finistère

Maître Olivier Gautier, président de la Chambre des notaires du Finistère

Le confinement a donné envie à de nombreux citadins de venir s’installer sur nos côtes, franchissent-ils réellement le pas ?

Il y a une attractivité importante du Finistère et de la Bretagne, c’est même une tendance de fond et je ne la vois pas s’inverser. Toutes les prospectives montrent que ça va durer avec des conséquences sur les prix et un risque de gentrification du littoral et des tensions qui vont avec. Cette gentrification priverait les jeunes, les primo-accédants à revenus modestes de l’accession à la propriété, d’autant que pour eux les conditions bancaires semblent se durcir. Comment vont-ils faire pour acheter là où ils vivent ? Les collectivités mettent des choses en place, mais est-ce que ça peut suffire ?

Le prix médian d’une maison à Vannes est de 350 000€, c’est inabordable pour des ménages modestes. Heureusement à Quimper, ce prix médian n’est que de 160 000€, mais les prix augmentent, doucement mais ils augmentent. À Brest c’est plus 8 %, sur le littoral plus 10 % et à Quimper plus 3 %.

Comment expliquez-vous la vitesse à laquelle se vendent les biens ?

Par une crise de l’offre. Il y a très peu de biens en vente et lorsqu’il y en a, ça part vite, très vite. Il faut bien se rendre compte que les citadins qui viennent s’installer sur le littoral ont des moyens. Ils ont souvent vendus un bien à Paris, Nantes ou dans le sud de la France et ont un apport conséquent. Ils n’hésitent pas longtemps.

Vous pensez que cette augmentation des prix va se poursuivre ?

Je suis bien incapable de répondre. Même chose pour le volume de ventes. Je ne veux pas faire de prospective. Si les volumes de ventes restent importants ils sont néanmoins en recul de 11 % par rapport à 2019, même si je mets deux bémols : les deux mois d’inactivité qu’il va falloir rattraper et surtout le fait que 2019 ait enregistré un nombre de transactions jamais atteint, avec plus d’un million de transactions au niveau national, alors qu’habituellement la moyenne nationale est entre 700 000et 900 000 transactions. Va-t-on rester sur ce rythme ? Je ne sais pas. Quant aux prix, il faut garder en tête la crise de 2007 et la chute des prix de près de 30 %. Peut-il y avoir une nouvelle crise, je ne sais pas non plus. Il suffit d’une augmentation des taux d’intérêts, même modérée pour qu’il y ait une incidence sur les prix et le nombre de transaction.

Source : Supplément Immo Ouest-France du 7/10/20

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