Véritable révolution dans la conception, la construction et l'exploitation des bâtiments, la maquette numérique, dont l'usage progresse en France, offre une plongée en 3D dans tous les recoins d'un ouvrage.

La modélisation des données du bâtiment ou BIM (Building Information Model), est un fichier numérique où sont stockées toutes les informations techniques d’un ouvrage sur ses composantes (murs, fenêtres, escaliers, poutres, équipements, etc). Elle permet aux membres des équipes – architectes, ingénieurs, maîtres d’oeuvre, propriétaire, exploitant – de travailler de façon collaborative en s’appuyant sur des maquettes numériques 3D, tout au long de la vie des projets.

Il est ainsi possible de construire et de « désosser » virtuellement un ouvrage, de naviguer et d’interagir avec lui, avec un réalisme poussé. « Les performances structurelles, énergétique d’un bâtiment, sa résistance sismique, les surfaces de vitrages ou de planchers à nettoyer, peuvent être calculés », explique l’architecte Emmanuel Di Giacomo, responsable technique de la société américaine Autodesk, pionnière du secteur.

Et une fois le bâtiment livré, la maquette intelligente peut être « connectée à des capteurs physiques, afin de piloter les équipements et de mieux maîtriser la consommation d’énergie« , un enjeu de taille puisque 80% du coût global d’un bâtiment vient de son exploitation dans le temps, rappelle M. Di Giacomo. Déjà généralisée dans des secteurs industriels tels que l’aéronautique ou l’automobile, elle s’impose ainsi peu à peu dans le bâtiment, dont elle bouleverse les pratiques.

« Certains pays comme le Royaume-Uni sont beaucoup plus avancés que nous, puisque le gouvernement y imposera, d’ici 2016, que tous les bâtiments publics soient livrés en BIM », rapporte M. Di Giacomo. Les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Norvège ont fait de même, suivant la directive européenne Marchés publics, qui recommande d’utiliser des processus numériques lors des appels d’offres publics.

Nouvelle ère

Ces outils innovants sont de plus en plus utilisés sur des projets complexes, à l’international mais aussi en France, par les grands groupes du BTP tels Vinci ou Bouygues. La filiale de ce dernier, Bouygues Construction international, a ainsi mis au point avec huit partenaires, une « salle immersive de réalité virtuelle dans le secteur du BTP », en améliorant un prototype mis au point il y a quelques années par le Conseil scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

Située à la Cité des sciences, la salle Callisto-sari, dotée d’un écran de 10 mètres sur 4 et d’une vingtaine de haut-parleurs, permet de simuler la visite interactive d’un bâtiment à échelle, temps et rendu réels. Ainsi un aéroport pourra-t-il être exploré avec la vision subjective d’un agent de sécurité, d’un touriste ou d’une hôtesse d’accueil.

« L’objectif est de nous assurer le plus tôt possible, à moindre coût, que l’on satisfait bien la demande de nos clients », explique Trino Beltran, directeur de la recherche et développement chez Bouygues Construction international. Le groupe prévoit ainsi de dupliquer Callisto-sari en version réduite pour un coût unitaire de 50 000 euros. « Puisque la maquette numérique se diffuse, la réalité immersive va se diffuser aussi, ces systèmes coûtent beaucoup moins cher à l’heure actuelle. C’est une nouvelle ère qui se prépare », estime M. Beltran.

Améliorer l’accessibilité des bâtiments pour les handicapés et la sécurité sur les chantiers, identifier les éléments de construction qui pourront être préfabriqués… la réalité immersive a de multiples utilités.

Pour faire entrer le secteur du bâtiment – où les maquettes 2D, voire les plans sur papier sont encore la norme – dans l’ère numérique, la ministre du Logement Cécile Duflot a récemment annoncé qu’ils seront obligatoires dans les appels d’offre des marchés publics, à partir de 2017.

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