Importé des Etats-Unis et popularisé par des émissions télévisées, le "home staging", ou l'art et la manière d'embellir un bien immobilier pour mieux le vendre, fait des émules en France, mais peine à s'imposer auprès des professionnels.
Au 30e Salon national de l’immobilier, à la Porte de Versailles de Paris, de jeudi à dimanche, où quelque 23.000 visiteurs sont attendus, il sera à l’honneur avec une conférence et des consultations gratuites.
Parmi une quinzaine de professionnels – architectes, juristes, banquiers, etc -, deux décorateurs spécialisés dans la « valorisation immobilière » répondront aux questions des particuliers.
Les professionnels le savent : un papier peint défraîchi, des meubles imposants qui masquent les volumes des pièces, une déco vieillotte… rien de tel pour faire fuir un acquéreur potentiel, lequel se forge une opinion, positive ou négative, dès les premières minutes de sa visite.
Fortes de ce constat, ces dernières années des dizaines d’agences spécialistes en home staging ont fleuri, proposant de « relooker », avec de nouveaux meubles et accessoires, et de « dépersonnaliser » – en retirant souvenirs, photos, signes religieux… – à moindre coût, les biens immobiliers. Le but est de déclencher une vente rapide, au meilleur prix possible. Car « lorsqu’on présente un bien poussiéreux, encombré, mal entretenu, l’acheteur a tendance à négocier 10 % supplémentaires sur le prix », souligne Olivia Milan, directrice du salon.
« Le home staging est très développé dans les pays anglo-saxons, il a été inventé aux Etats-Unis dans les années 1970, par Barbara Schwartz, qui était agent immobilier », explique de son côté Francky Boisseau, l’un des fondateurs en 2009 du réseau Home Staging experts, qui regroupe une quarantaine de professionnels.
- En France
« Mais en France, c’est l’émission de Stéphane Plaza – Maisons à vendre – sur M6 qui a vraiment démocratisé le concept, il y a cinq ans. Et depuis deux à trois ans, le marché est porteur pour ce type de services, car il y a plus de vendeurs que d’acheteurs : il faut donc se démarquer de la concurrence », estime M. Boisseau, qui animera la conférence prévue samedi.
Mais ce nouveau métier n’est pas réglementé, puisqu’aucun diplôme certifié n’a vu le jour. Les professionnels aguerris – le plus souvent déjà expérimentés en immobilier ou en décoration – côtoient ainsi les amateurs sans véritables compétences, et les formations express, de deux à cinq jours, se multiplient. Les plus sérieuses allient formation technique, commerciale et immobilière, et incluent une expérience pratique.
« Certains annuaires répertorient jusqu’à 400 professionnels mais lorsqu’on appelle, on s’aperçoit qu’un sur deux a fermé : sans la bonne approche, cela ne fonctionne pas. Le home staging n’est pas une solution miracle, ce n’est qu’un outil, un élément de la vente. Si le prix du bien est trop élevé, elle ne se fera pas », juge M. Boisseau.
En outre ce métier « n’est pas un eldorado, il n’est ni très rémunérateur, ni très facile », dit-il. « Il s’installe : dans quelques années, ce sera une évidence, mais aujourd’hui 80 % à 90 % des agents immobiliers disent qu’il ne sert à rien, sans l’avoir testé ». Car un « home stagist » travaille soit directement pour les particuliers, soit pour le compte d’agents immobiliers, lesquels doivent alors le rémunérer sur leurs propres émoluments, ce qui évite tout surcoût pour le vendeur… mais peut s’avérer dissuasif pour l’agent immobilier. Ces honoraires s’élèvent à 1.500 ou 2.000 euros selon la taille de l’appartement, pour deux à trois jours de travail, selon M. Boisseau. « En France, cette activité n’est pas assez professionnalisée.
Dans son hors-série d’avril, la revue de l’association de consommateurs UFC-Que choisir met en garde les propriétaires, leur recommandant de toujours exiger un devis et des références de missions déjà réalisées. Elle préconise aussi de ne pas dépenser plus de 1 à 3 % du prix de vente du bien pour ces prestations.