Avec les chaleurs de ces dernières semaines, vous vous êtes pris à rêver d'une piscine dans votre jardin ? Si vous vivez dans la métropole rennaise, il va falloir revoir vos ambitions à la baisse. En effet, pour économiser la ressource, les nouveaux bassins ne pourront plus excéder 25 m³. Une décision qui attise déjà le débat.
Une règle inédite pour préserver l’eau
Les projets de couloirs de nage prennent l’eau à Saint-Grégoire comme à Bruz. Depuis la dernière modification du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de Rennes Métropole, impossible de creuser un bassin qui dépasse 25 m³, soit un bassin de 6 m × 4 m si vous optez pour un 1,4 m de profondeur.
L’amendement, voté le 26 juin par les élus métropolitains, vise officiellement à « préserver la ressource en eau ». Une première française qui fait déjà des vagues, au propre comme au figuré.
Comment la nouvelle limite s’applique
Concrètement, la règle s’applique aux 43 communes de la métropole et entrera en vigueur dès la publication du PLUi modifié. Toute piscine enterrée ou coque neuve dont le volume excède 25 m³ pourra se voir refuser son autorisation d’urbanisme. Le texte s’inscrit dans un paquet de mesures climatiques : densification de l’habitat, assouplissement des parkings… et, surtout, récupération obligatoire de l’eau de pluie dans toutes les constructions neuves.
Vigilance sécheresse : le contexte hydrique
Le contexte joue les maîtres-nageurs : l’Ille-et-Vilaine est placée en vigilance sécheresse depuis le 13 juin 2025. Les pluies diluviennes de janvier n’ont pas suffi ; les barrages sont descendus plus vite que le niveau de la bière au Trans Musicales. Résultat : la métropole compte chaque goutte et mise sur la sobriété pour éviter la panne sèche estivale.
Professionnels et piscinistes font la (re)mou
Du côté des professionnels, la nouvelle fait des remous. « Décision politique, pas écologique », tacle Joëlle Pulinx, déléguée générale de la Fédération des professionnels de la piscine (FPP), rappelant que les 3,6 millions de bassins français ne pèseraient que 0,08 % de la consommation annuelle d’eau. Un chiffre contesté, mais qui sert de bouée argumentaire aux piscinistes.
Petit bassin, grands enjeux techniques
Côté chiffres, 25 m³ représente un modeste couloir de nage : à peine plus qu’un grand spa familial et bien loin des 40 m³ qui faisaient jusqu’ici figure de standard national. Les calculs varient ; 8 m × 2 m ou 6 m × 3 m selon la profondeur, mais le message, lui, est limpide : on nage compact.
La métropole resserre aussi les boulons sur l’entretien : toute nouvelle piscine devra disposer d’une couverture limitant l’évaporation (les fabricants promettent jusqu’à 95 % d’eau économisée), tandis que les maisons toutes neuves devront s’équiper de cuves pour alimenter toilettes et machines à laver. Après tout, autant filer doux jusque dans les petits coins.
Sur le terrain, les constructeurs relativisent. À Cesson-Sévigné, Caroline Pelz (Irripiscine) calcule que la plupart des terrains urbains ne permettaient déjà plus de dépasser 7 m × 3 m. Ainsi, passer à 6 m × 3 m « n’est pas dramatique ».
Les fabricants misent aussi sur la montée en gamme des « mini-pools » : moins d’eau, mais davantage de fonctionnalités : nage à contre-courant, chauffage basse consommation, et même domotique pour gérer le traitement depuis son smartphone. La sobriété peut aussi être connectée !
Reste la crainte d’un manque à gagner pour les entreprises qui misent sur les bassins premium. L’été dira si l’on fait grise mine ou si l’on chavire de bonheur grâce au boom des « mini-pools ».
Quels impacts pour votre projet ?
Pour les candidats encore décidés à piquer une tête dans le jardin, la feuille de route est simple : avant de dégainer la bêche, vérifiez le volume projeté sur votre permis. Optez pour un système de filtration économe et, surtout, investissez dans une couverture thermique. La majorité des piscinistes prêchent depuis des années la sobriété : un remplissage initial, un hivernage responsable et adieu le gaspillage. Rennes Métropole entend justement transformer ce credo en norme.
Un effet domino sur le marché immobilier
À court terme, ce virage règlementaire pourrait redessiner le marché immobilier local : les biens dotés de « grands » bassins existants gagneront en rareté, tandis que les terrains exigus deviendront plus faciles à valoriser avec des micro-piscines ou des spas enterrés. Les vendeurs devront toutefois produire attestations et certificats de conformité pour rassurer les notaires. Avec, en filigrane, un nouvel argument de vente : « piscine aux normes ».
Moralité : à Rennes, on ne dit pas adieu aux baignades privées, mais bonjour aux bassins contenus et couverts. Les nageurs ambitieux pourront toujours filer à Bréquigny pour avaler des longueurs, tandis que les urbains pressés d’un plouf express trouveront dans ces nouvelles « piscinettes » un compromis rafraîchissant. À chacun sa longueur… pourvu qu’elle tienne dans 25 m³ !