On a beaucoup parlé d’une hausse « automatique » de la taxe foncière en 2026 liée aux fameux « éléments de confort » (eau, électricité, WC, douche, chauffage). La réalité, fin novembre 2025, est plus nuancée : l’administration a lancé une mise à jour des bases servant au calcul de la taxe, mais le gouvernement a annoncé une pause pour revoir la méthode avant 2026. Voici l’état des lieux, ce qui peut (ou non) changer pour vous, et comment vérifier votre situation le moment venu.
Depuis la mi-novembre, Bercy a lancé une opération de « fiabilisation » des bases servant au calcul de la taxe foncière. Concrètement, l’administration met à jour, logement par logement, des informations qui influent sur la valeur locative cadastrale (la base de la taxe) : présence de douche ou baignoire, lavabo, WC, eau courante, électricité, chauffage/clim par pièce, etc. L’objectif affiché est de corriger des fiches incomplètes, parfois inchangées depuis des décennies, ce qui aboutirait à une hausse pour certains biens… et à zéro changement pour les logements déjà correctement décrits.
D’après plusieurs documents cités par la presse, environ 7,4 millions de logements seraient concernés, pour un rendement additionnel estimé autour de 466 M€ au niveau national.
Où en est la décision politique ?
Face aux critiques, l’exécutif a annoncé une mise en pause du dispositif dans sa version initiale, le temps de « changer de méthode » et d’en préciser le calendrier. Autrement dit, la mise à jour n’est pas enterrée, mais elle ne devrait pas s’appliquer telle quelle de façon automatique sur les avis 2026. D’ici le printemps 2026, une version ajustée est attendue.
On est donc dans une phase de rétropédalage prudent : techniquement, la modernisation des bases continue à être préparée, politiquement, on temporise son impact dans les avis de taxe foncière 2026. En parallèle, la revalorisation « classique » des bases (indexation nationale annuelle) et les taux votés par les communes continueront de jouer comme chaque année.
Pourquoi cette mise à jour ?
L’État et les collectivités expliquent que des logements rénovés n’ont jamais vu leurs « équipements » intégrés aux fichiers, ce qui crée des écarts de traitement entre voisins. L’opération de fiabilisation vise donc à rattraper ces oublis pour revenir à une base « à jour ». Côté collectivités, la mesure a enflammé le Congrès des maires : certains élus dénoncent un manque de concertation, d’autres redoutent un effet « hausse subie » alors que le pouvoir d’achat est sous pression.
Qu’est-ce que cela change (ou changerait) pour vous ?
Si votre bien dispose déjà, sur la fiche cadastrale, d’eau courante, d’électricité, de WC, de lavabo, d’une baignoire/douche et d’un système de chauffage/clim déclaré, la mise à jour n’a pas de raison de faire grimper votre base : elle ne consiste pas à inventer des mètres carrés, mais à aligner la description administrative sur la réalité.
En revanche, si l’un de ces éléments existe chez vous et n’a jamais été déclaré, l’intégration dans la valeur locative augmenterait mécaniquement votre base, d’où un supplément d’impôt. C’est précisément ce que la suspension gouvernementale cherche à encadrer.
Rappel utile : comment la taxe est calculée ?
La taxe foncière repose sur la valeur locative cadastrale du bien (un loyer théorique annuel), diminuée d’un abattement légal, puis multipliée par les taux fixés par votre commune et votre intercommunalité. Les éléments de confort n’ajoutent pas une « surtaxe » dédiée : ils augmentent la base, parce qu’ils reflètent un niveau d’habitabilité plus élevé. La progression finale dépend donc à la fois de votre base et des taux locaux.
Ce que vous pouvez faire maintenant
Commencez par vérifier les caractéristiques de votre bien dans votre espace particulier sur impots.gouv.fr, rubrique « Biens immobiliers ». Si vous repérez une information manifestement erronée (équipement absent déclaré comme présent, ou inversement), conservez les justificatifs utiles (photos datées, factures, attestations d’artisan). À réception de l’avis 2026, comparez la base de calcul à celle de 2025. En cas d’anomalie, vous pourrez déposer une réclamation auprès du service des impôts fonciers dans les délais indiqués sur l’avis. Et gardez en tête que les hausses spectaculaires lues ça et là reposaient sur une application « automatique » aujourd’hui suspendue et en voie de réécriture.
Mini FAQ express
La hausse est-elle déjà actée pour 2026 ?
Non, la mise à jour « éléments de confort » dans sa version initiale a été mise en pause. Une méthode révisée doit être annoncée avant l’été 2026. En revanche, l’indexation nationale des bases et les taux votés localement s’appliqueront comme d’habitude.
Qu’entend-on par « éléments de confort » ?
Il s’agit des équipements de base d’un logement : eau courante, électricité, WC, lavabo, douche ou baignoire, système de chauffage ou de climatisation. Leur prise en compte plus rigoureuse sert à rapprocher la base cadastrale de la réalité du bien.
Je peux prendre les devants ?
Oui. Assurez-vous que vos informations cadastrales sont exactes et archivez vos preuves (travaux, équipements). Cela vous évitera de chercher des documents au dernier moment si vous devez contester.
Et si la base augmente alors que rien n’a changé chez moi ?
Demandez des précisions à votre service des impôts fonciers. Si la fiche comporte une erreur, vous pouvez solliciter une correction et, le cas échéant, une rectification de votre avis.
D’autres taxes peuvent-elles bouger si la base change ?
Possiblement, car certaines impositions locales (comme la TEOM ou la taxe d’habitation sur les résidences secondaires) reposent aussi sur la valeur locative cadastrale. Là encore, tout dépendra de la méthode retenue en 2026 et de l’exactitude de votre fiche.
À retenir.
Il n’y a pas de « surtaxe douche ou électricité ». La question 2026 porte sur une remise à niveau des bases cadastrales, aujourd’hui mise en pause et en cours de réécriture. Le vrai réflexe gagnant consiste à vérifier vos données cadastrales, conserver vos preuves… et à relire attentivement votre avis 2026 quand il arrivera.