L'installation, obligatoire avant le mois de mars, a pris du retard. Les sapeurs pompiers tirent la sonnette d'alarme, rappelant que les incendies domestiques tuent des centaines de personnes chaque année.
« Oui, le détecteur de fumée est efficace ! » À la tête du centre de secours Saint-Georges, à Rennes, le commandant Régis Demay n’a pas d’hésitation : « Quand ça hurle en pleine nuit, vous pouvez être sûr d’être réveillé ! »
Le problème, c’est que 15 à 20 % seulement des 30 millions de logements français sont équipés de DAAF, « détecteurs avertisseurs autonomes de fumée », selon l’appellation officielle. Une loi adoptée en mars 2010 impose l’installation d’au moins un appareil par habitation. Mais le législateur n’a pas voulu brutaliser les propriétaires et a laissé jusqu’au 8 mars 2015 pour se mettre en conformité. Aucune sanction n’est prévue pour ceux qui oublieraient, mais il est possible que les assureurs y regarderont à deux fois avant d’indemniser des sinistres.
« La sanction, c’est la vie ! », tonne le commandant Rémi, chargé de la prévention à la Fédération nationale des sapeurs pompiers (FNSPF). Dernièrement, son président, le colonel Faure, rappelait que les incendies domestiques font, chaque année, entre 600 et 800 morts et plus de 10 000 blessés. « Il y a des vies à sauver et personne n’a l’air de s’en rendre compte ! »
- Le propriétaire responsable
« On pense qu’il y aura entre 35 et 40 % de foyers équipés en mars », prévoit Romain Canler, le délégué général de la FFMI (Fédération française des métiers de l’incendie), la fédération qui réunit les fabricants de matériel. Depuis 2010, note-t-il, les ventes sont passées d’un million par an à deux, en 2013.
S’il ne craint pas de rupture d’approvisionnement, Romain Canler redoute une surchauffe chez les installateurs. « Les particuliers le posent seuls dans 90 % des cas. Mais pour les gros bailleurs, qui peuvent avoir des milliers de logements, ça risque de coincer. »
Dans la loi de 2010, c’était l’occupant qui devait s’en charger. La récente loi Alur a renvoyé la responsabilité au propriétaire pour les logements en location.
Les détecteurs de fumée sont vendus entre 20 et 40 € dans les magasins de bricolage. « Posé par un artisan, ça ne doit pas dépasser 75 €, main-d’oeuvre comprise », prévient Romain Canler. Sa fédération a dénoncé des escrocs qui facturaient jusqu’à 350 €.
Soucieuse de la qualité du matériel, la fédération des sapeurs pompiers a commencé à passer les appareils au crible. En juillet, la répression des fraudes (DGCCRF) avait signalé plusieurs modèles comme « dangereux ». La fédération accorde une « recommandation » qui peut figurer sur l’emballage. « Nos critères vont au-delà de la norme NF, explique le Commandant Rémi. Nous voulons des détecteurs simples, fiables et qui durent au moins dix ans sans panne. »
Au Québec, l’obligation des détecteurs de fumée a permis de réduire des deux tiers le nombre des victimes d’incendie.