Pour construire la future ligne de métro, Rennes Métropole rachète les souterrains des Rennais... jusqu'au centre de la Terre. Longue de huit kilomètres, la ligne b sera creusée à une dizaine de mètres de profondeur.
- Le saviez-vous ?
Assis dans son salon ou sa cuisine, on est propriétaire d’une carotte de 6 378,137 kilomètres sous nos pieds. C’est la distance jusqu’au centre de la Terre, l’équivalent d’un immeuble de 2 400 étages.
Ces milliers de kilomètres appartiennent, en France, au propriétaire du terrain à la surface. On possède sa maison et son jardin… et des tonnes de terre et de roches jusqu’au noyau terrien. À part faire des fouilles, autorisées par la loi, ça ne sert pas à grand-chose.
- 4 à 5 € le mètre carré
La Semtcar, constructeur du métro rennais, est en train de faire l’acquisition de certains de ces tréfonds pour la ligne b. « Il reste une centaine de personnes à prévenir dans le quartier de Cleunay », explique Thierry Courau de la Semtcar. Au total, trois cents terrains privés sont concernés sur l’ensemble de la ligne. Il faut rajouter deux cents parcelles publiques comme les rues, les parcs et les logements sociaux. Bientôt, sous les pieds de ces riverains, à une dizaine de mètres de profondeur, passera la future ligne de métro.
Le rachat se fait à hauteur de quelques euros, quatre ou cinq par mètre carré acquis. « La justice considère qu’il n’y a pas de préjudice pour un rachat en sous-sol profond. L’indemnisation est alors réduite », souligne Vincent Lahalle, avocat au barreau de Rennes. Pour la première ligne de métro, l’indemnisation était, pour certains cas, de neuf euros le mètre carré.
La Semtcar rachète jusqu’au centre de la terre. « Plus on s’enfonce, moins c’est cher », précise Thierry Courau. Au final, il y en a pour plus onéreux en frais de notaires et procédure que le rachat du terrain en lui-même !
Le tunnel fera dix mètres de large mais la Semtcar rachète des espaces de quinze mètres carré. Curieux d’utiliser les mètres carré, l’unité pour les surfaces, et non pas en mètre cube utilisés pour les volumes. « On raisonne avec des plans vus de haut pour calculer la surface à acheter quand le tunnel traverse une parcelle privée. Il peut s’agir uniquement d’un mètre carré », poursuit Thierry Courau.
- 280 mètres creusés par mois
Le haut du tunnel où passera le métro se situe entre dix et quinze mètres en dessous du niveau du sol. « Aucun bruit, aucune vibration » assure la Semtcar. Son aînée, la ligne a, est globalement moins profonde et toute aussi silencieuse.
Faut-il craindre, comme lors des travaux de la ligne a en 1997, des effondrements de rue ? La machine qui creuse le tunnel, un tunnelier, est équipée d’outils de nouvelle génération. « Le tunnelier fonctionnera 24h/24 et ne s’arrêtera pas. C’est le redémarrage de la machine qui peut poser problème. De cette façon, 280 mètres seront creusés chaque mois ». Le tunnelier rentrera par un puits fin 2014 dans le quartier de La Courrouze et ressortira boulevard de Vitré, au rond-point des Gayeulles, en septembre 2017.