Le promoteur Martinsa-Fadesa, un des symboles des abus ayant conduit à la débâcle du secteur, a indiqué dans un communiqué diffusé à l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire qu'il demanderait sa liquidation judiciaire.
Le promoteur immobilier espagnol Martinsa-Fadesa a annoncé sa faillite, la plus importante du secteur jamais survenue dans le pays, où l’éclatement de la bulle immobilière en 2008 avait frappé de plein fouet l’ensemble de l’économie.
Le groupe, un des symboles des abus ayant conduit à la débâcle du secteur, a indiqué dans un communiqué diffusé à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire qu’il demanderait sa liquidation judiciaire.
Selon la presse, son nouveau plan de sauvetage a été rejeté par 75 % de ses créanciers qui avaient jusqu’au 26 février pour se prononcer, ce qui l’a acculé à la faillite. Selon son rapport 2014, le groupe, présent surtout en Europe (Espagne, France, Roumanie, Hongrie, Pologne, République tchèque) mais aussi au Maroc et au Mexique, affichait une dette totale de sept milliards d’euros fin 2014.
La société dispose d’actifs évalués à 2,4 milliards. Ses créanciers Banco Popular, Abanca, la Sareb (la « bad bank » espagnole créée en 2012 pour gérer les actifs immobiliers toxiques gonflant les bilans des banques) et Caixabank, ont estimé que le plan de sauvetage n’était pas viable, selon le journal économique Cinco Dias.
Ces institutions « ne devraient toutefois pas être touchées étant donné qu’elles ont déjà dû prévoir de larges provisions, et plusieurs organes de gestion d’actifs ont été créés », selon Pablo Kindelan, du cabinet de consultants DTZ. Le groupe, dont le dépôt de bilan à l’été 2008 fut le plus important de l’histoire du pays avec une dette colossale de 7,2 milliards d’euros, avait été sauvé de justesse en mars 2011 par un plan de refinancement. Il prévoyait alors le remboursement de la dette sur huit ans, à partir de 2012 mais n’a pas pu redresser la barre.
Le groupe, dirigé par Fernando Martin, ne s’est jamais vraiment remis de l’achat de Fadesa pour plus de quatre milliards d’euros en 2007, avant l’explosion de la bulle immobilière.
Le dirigeant de Fadesa, Manuel Jove, dont la fortune personnelle est estimée à deux milliards par le magazine Forbes, avait vendu 55 % de parts du groupe Fadesa pour trois milliards d’euros. Il a été accusé d’avoir surévalué l’entreprise, mais Martinsa n’a pas eu gain de cause.
L’éclatement de la bulle immobilière a plongé l’Espagne dans une profonde récession dont elle n’est sortie qu’en 2013, avec une explosion du taux de chômage qui reste toujours à des niveaux records, à 23,7 % de la population active.
Comme Martinsa-Fadesa, plusieurs autres importants groupes immobiliers espagnols ont déposé le bilan ces dernières années: le promoteur Reyal Urbis, croulant sous plus de 3,6 milliards de dette, ReyalHabitat (2,8 milliards), ou Sacresa (1,8 milliard).
Mais cette faillite est sans doute la dernière de cette ampleur dans un secteur qui a donné en 2014 des signes de reprise, avec de nouveaux profils d’investisseurs issus non pas du monde de la pierre mais de la finance comme le milliardaire chinois Wang Jianlin. Les ventes de logements ont progressé en Espagne en 2014 pour la première fois depuis 2010, de 2,2% sur un an selon l’Institut national de la statistique.