Entretien
Me Maxime Graillot, notaire à Deauville.

La réforme de la plus-value (1) a-t-elle « boosté » les ventes ici ?

De novembre à janvier, elle a donné lieu à un phénomène de concentration colossal sur le secteur. Les volumes de transactions ont été trois à quatre fois plus importants qu’habituellement. Cela a créé un petit resserrement des prix. Ponctuellement, quelques vendeurs ont été amenés à la négociation. Depuis l’application de cette réforme le 1er février, les volumes sont restés comparables à ceux de l’an passé alors qu’on s’attendait à des baisses extrêmement fortes.

Le marché est-il toujours autant tenu par les résidents secondaires ?

Oui, ce sont eux qui ont vendu et acheté. Des Parisiens dans 80 % des cas. Le « neuf » ayant quelque peu ralenti en 2011, les transactions se font principalement dans « l’ancien ». Des appartements dans 70 % des cas, sachant que 80 à 90 % des appartements vendus récemment concernent des biens inférieurs à 300 000 €, des studios ou des biens jusqu’à 60 m2. Cela tient à la typologie des années 70 et 80 : on y construisait de petites surfaces. Mais on a tout de même scellé la vente d’une petite dizaine de grosses maisons depuis août. Quelques-unes au-delà d’un million d’euros…

Comment la population locale fait-elle pour se loger ?

C’est le gros problème du secteur : les locaux ont un mal fou à se loger. Parmi ma dizaine de collaborateurs, une seulement habite Deauville même. Les autres demeurent à Touques, Saint-Arnoult ou Blonville dans le meilleur des cas. Deux d’entre eux habitent même l’Eure et mettent trois-quarts d’heure pour venir travailler.

Comment voyez-vous les choses évoluer ?

Le rideau mis sur les programmes neufs depuis l’effet de crise 2008-2009 est passé. Depuis 2011, on constate un regain d’activité des promoteurs avec de beaux projets dans les cartons. La tête de pont, c’est évidemment la Presqu’île de Deauville, mais on connaît le prix : 8 500 ? le m2 HT. Investir monte aussi un projet important sur les hauteurs de Touques avec normalement des prix raisonnables. Les travaux commenceront à la fin de l’année. Et puis il existe d’autres projets encore confidentiels à l’ouest de Deauville. En attendant, l’offre a été quelque peu asséchée par la réforme de la plus value, mais je n’observe pas ici de bulle immobilière et on n’est pas non plus 12 000 € le m2 comme à La Baule.

Pensez-vous que les prix vont baisser ?

Non, ils risquent plutôt de monter de façon infime. On constate des corrections sévères sur des produits mal placés, mais Deauville sera toujours Deauville. À la différence d’un bien à 3 500 € le m2 après le Coteau, un appartement en front de mer peut se vendre jusqu’à 9 000 e le m2. Ce qui est amusant, c’est que certains clients habitent Saint-Arnoult mais indiquent cette commune sur leur carte de visite comme un lieu-dit de Deauville.

(1) Depuis le 1er février, les ventes de biens immobiliers détenus depuis moins de 30 ans sont soumises à l’impôt sur les plus-values (sauf résidence principale).

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