Le marché immobilier de l'ancien s'est relativement bien tenu l'an dernier en France, grâce à un rebond du nombre de transactions au dernier trimestre, accompagné d'un léger recul des prix, selon les notaires.
« L’année 2013 s’annonçait un peu inquiétante pour l’immobilier, avec une baisse du nombre de ventes au premier semestre, mais il y a eu un rebond en fin d’année et au final le marché a légèrement progressé pour atteindre un nombre de transactions honorable », a résumé Thierry Thomas, président de l’Institut notarial de droit immobilier, en présentant ces chiffres à la presse.
Les notaires ont enregistré au final 723 000 transactions, soit 2,7 % de plus qu’en 2012. De 2000 à 2007, les volumes de ventes se situaient aux alentours de 800 à 830 000, avant qu’ils ne décrochent avec la crise financière de 2008. L’an dernier, le prix des logements anciens a grappillé 0,3 % au quatrième trimestre par rapport aux trois mois précédents, mais il a reculé de 1,4 % sur un an, tant pour les maisons que les appartements, selon l’indice Notaires-Insee.
« Il n’y a pas eu d’effondrement des prix de l’immobilier, qui ont tendance à se stabilier, sauf dans quelques villes », a commenté M. Thomas. Certaines grandes agglomérations ont en effet vu le prix médian au m² des appartements anciens progresser l’an dernier, en particulier Lyon et Montpellier (+ 1,7 %), Strasbourg (+ 1,3 %), ou encore Lille (+ 0,9 %). Ce prix médian a en revanche baissé à Angers (- 8,7 %) – où l’ancien a subi la concurrence du neuf, accrue par des opérations de construction importantes – à Nice (- 3 %), à Toulon (- 3,2 %) ou encore à Grenoble (- 2,9 %) et Rennes (- 0,5 %).
Et ces dix dernières années, selon les chiffres compilés par les notaires, les villes de plus de 150 000 habitants où les prix des appartements anciens ont grimpé le plus fortement sont Bordeaux (+ 112 %) et Lille (+ 111 %), celles où leur progression a été la plus modérée étant Rennes (+ 46 %) et Grenoble (+ 45 %).
- Très fortes disparités
Sur la même période, le prix des maisons anciennes a connu une hausse moindre: + 72 % à Bordeaux, + 67 % à Lille, villes où elle a été la plus forte en France, et + 32 % à Dijon et + 31 % à Angers, où la progression a été la moins forte.
Les disparités entre villes sont évidemment très fortes : avec un budget de 150 000 euros, un ménage ne peut acquérir qu’un studio dans le XVIIIe arrondissement de Paris (le moins cher de la capitale), mais un appartement de deux pièces à Nice, Saint-Ouen ou Ivry-sur-Seine, ou encore une maison de quatre pièces à Amiens ou au Havre. Et pour devenir propriétaire d’un appartement de trois pièces dans le IXe arrondissement de Paris, il faudra débourser 500 000 euros : le prix d’une maison de six pièces à Bordeaux ou à Toulouse.
En France l’an dernier, les acquéreurs de moins de trente ans étaient à l’origine de 19,2 % des achats d’appartement anciens, mais seulement 15,5 % des achats de maisons, alors qu’ils représentent 22,1 % de la population. Sans surprise, ils représentaient moins de 10 % des acquéreurs de maisons en Corse, et dans les départements du littoral allant des Pyrénées-Orientales aux Alpes-Maritimes – où les prix sont prohibitifs pour les jeunes ménages -, mais plus de 25 % en Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais ou dans les Ardennes.
Les notaires ont d’ailleurs souligné les difficultés actuelles des primo-accédants – dont l’achat est quasi impossible à Paris, difficile dans les grandes agglomérations dynamiques – du fait de la flambée des prix de l’immobilier en quinze ans, de la disparition du Prêt à taux zéro (PTZ) dans l’ancien et du durcissement des conditions de crédit imposées par les banques. Ils ont souhaité le rétablissement du PTZ dans l’ancien et déploré la hausse des droits de mutation (dits « frais de notaire ») que les départements pourront appliquer à compter de mars, accentuant encore les difficultés des primo-accédants.
Les notaires ont aussi appelé à une stabilisation de la fiscalité, après « cinq lois fiscales en 2012 et quatre en 2013 », pour rétablir « la confiance » sur le marché.