La question de la sécurisation des immeubles du centre-ville ne date pas d'hier. Un problème chronique et un véritable casse-tête juridique et financier pour la municipalité et les propriétaires.
« On a enlevé les plâtres et boiseries pour voir l’état des murs et de la charpente. Nous nous sommes aperçus que tout était en très mauvais état. J’ai fait placer, par mesure de sécurité, des étais provisoires… Cette situation n’est d’ailleurs pas spéciale à l’immeuble qui a commencé à s’effondrer hier. » Cette citation, d’un architecte rennais, ne date pas d’il y a quelques jours. Mais de mai 1969 ! Après l’effondrement du plancher d’un appartement situé dans un immeuble à gauche de l’opéra.
Et à notre confrère d’Ouest-France, dans un article, toujours publié en mai 1969, d’ajouter : « On doit l’interpréter comme un avertissement, une mise en garde. Pour s’en convaincre, il suffit seulement de lever les yeux. On ne peut alors que se demander par quelle rénovation on sauvera ce centre, prestige de notre ville ?«
1 500 immeubles nécessitent des travaux
Une question qui, 40 ans plus tard, reste toujours d’actualité. Exemples avec l’évacuation de l’immeuble de la galerie de l’Opéra la semaine dernière ou l’effondrement, le week-end dernier, d’une partie du plafond d’un immeuble situé rue de l’Hôtel-Dieu.
Selon le rapport Tattier réalisé en 2008, à la demande de la Ville de Rennes, 1 500 immeubles du centre-ville nécessitent des travaux de rénovation ou de mise aux normes. Sur ces 1 500, 300 présenteraient des « problèmes sérieux de structure ou d’hygiène » avec d’importants travaux à la clé. Un véritable casse-tête pour la Ville de Rennes.
Un casse-tête juridique, financier, mais aussi politique. Sans oublier l’incontournable principe de précaution qui peut, lui aussi, porter à critiques. « Je me demande si le principe de précaution n’est pas avant tout un parachute pour se protéger de toute responsabilité », confiait, lundi, le patron du Picca dont l’établissement a été fermé. « Et pour couronner le tout, le risque de péril imminent n’est pas pris en charge par les assurances ! » Un nouveau coup dur pour le patron qui a dû licencier économiquement son personnel.
Le Picca pourrait rouvrir prochainement
Seule bonne nouvelle : « Les travaux pourraient prendre beaucoup moins de temps que prévu. On espère donc pouvoir rouvrir bientôt. » Une information confirmée, hier, par le syndic de l’immeuble. « Des travaux sont actuellement en cours dans la cage d’escalier. Mais on en saura plus dans quelques jours. »
Reste tout de même le problème de fond que représentent les centaines d’immeubles nécessitant des travaux.
Dans le cadre des opérations programmées de l’opération de l’habitat lancée par la Ville, 125 immeubles et 400 logements devraient faire l’objet d’importants travaux subventionnés à 50 %. La Ville rachetant également des logements pour rentrer dans les syndics de copropriété et inciter aux travaux. Un onéreux et difficile parcours du combattant.