La rénovation des logements français, vieillissants et mal isolés, pourrait permettre d'économiser 30 % d'énergie.

La rénovation des logements français, vieillissants et mal isolés, pourrait permettre d’économiser 30 % d’énergie mais elle appelle de lourds investissements, expliquant en partie l’échec des objectifs fixés dès 2007 par le Grenelle de l’environnement.

Les ministres du Logement et de l’Energie, Cécile Duflot et Delphine Batho, ont visité une maison ayant bénéficié d’une telle rénovation énergétique, afin de promouvoir leur plan qui devrait être détaillé le 26 février. Les propriétaires ont divisé par deux la facture d’énergie de cette maison située a Melun (Seine-et-Marne), après avoir effectué des travaux de rénovation financés a plus de la moitié par un organisme public, l’Anah. François Hollande a promis d’atteindre 500 000 rénovations thermiques de logements par an jusqu’en 2017, alors que la France compte près de 10 millions de précaires énergétiques et que les factures d’électricité des ménages sont appelées à flamber. Le bâtiment représente le premier poste de consommation d’énergie en France (44 %), loin devant le secteur des transports (32%), plus souvent pointé du doigt en raison de ses émissions de gaz à effet de serre. En France, les 20 % de logements les plus anciens engloutissent à eux seuls la moitié de l’énergie consommée par le parc immobilier, selon le cabinet de conseil Sia Partners. Majoritairement construites avant 1974, date des premières normes d’isolation, ces « passoires thermiques » sont la priorité du gouvernement pour lutter contre la précarité énergétique. « L’objectif c’est de gagner (…) entre 25 et 30 % d’économies d’énergie par logement », a récemment déclaré la ministre de l’Energie Delphine Batho à ce sujet. « Les économies d’énergie sont le plus grand gisement d’allègement de la facture énergétique du pays, comme des ménages », a-t-elle ajouté.

  • SEULEMENT 135.000 RÉNOVATIONS EN 2010

Les factures d’électricité des ménages français devraient croître de 30% environ d’ici la fin du mandat de François Hollande en 2017, pour financer notamment le développement des énergies renouvelables. L’idée de contrer ce gaspillage n’est pas nouvelle. En 2007, le Grenelle de l’environnement avait fixé l’objectif d’atteindre progressivement 400.000 rénovations thermiques par an en 2013. Mais seuls 135.000 logements ont bénéficié d’une rénovation énergétique performante en 2010, selon les derniers chiffres fournis par l’Ademe. Et l’amélioration a été faible les années suivantes, estiment plusieurs sources. En cause notamment, la lisibilité et la communication sur les outils de financement disponibles.

Pour éviter cet écueil, le gouvernement veut miser sur un mécanisme plus lisible et sur un système de tiers financeur qui remboursera son capital investi sur les économies réalisées. En pleine période de restriction budgétaire, les associations craignent que l’Etat mette de coté ces coûteuses rénovations – dites d’efficacité énergétique passive – au profit d’outils de maîtrise de la consommation comme les « energy box » – dites d’efficacité énergétique active. Tenter de maîtriser son chauffage dans une passoire thermique n’a aucun sens, argumente notamment le Réseau pour la transition énergétique (CLER), notant l’intérêt de cet outil dans le parc tertiaire, mieux isolé mais où de nombreux gaspillages sont constatés en dehors des heures de bureaux.

  • « QUELQUES POUR-CENT D’ÉCONOMIES ? »

Ces technologies, qui fusionnent les mondes de l’énergie et d’Internet, présentent des retours sur investissements beaucoup plus rapides et apparaissent comme un marché prometteur pour les entreprises françaises.

Lors d’une visite chez l’équipementier Schneider, Cécile Duflot a récemment confirmé qu’elles feraient partie du plan du gouvernement, sans préciser quelle enveloppe leur serait attribuée mais assurant que l’objectif des 500.000 rénovations ne serait pas revu à la baisse.

Les chiffres divergent sur le potentiel d’économies que représentent les energy box chez les particuliers, allant de 30 % selon Schneider à seulement quelques pour-cent d’après une étude de Capgemini, basée sur des projets pilotes en Europe.

Les ménages équipés seraient prêts à différer leur consommation, participant ainsi à l’effacement du pic à laquelle la France est très sensible, mais peu enclins à ne pas allumer du tout télévisions, lave-vaisselle et autres radiateurs, note Colette Lewiner, conseillère énergie auprès du président de Capgemini. « Demander aux utilisateurs de reporter une consommation est relativement aisé. Par exemple, au lieu de faire tourner un équipement ménager à 7h du soir, vous le lancez à 9h seulement. Vous différez ainsi votre consommation mais vous consommez quand même », dit-elle.

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