Le marché immobilier ancien a plutôt bien résisté en France l'an dernier en dépit d'une économie plus que morose, selon les agents immobiliers, qui ont toutefois constaté ça et là des décrochages de prix et une déconnexion croissante entre l'offre et la demande.
Un nombre de transactions en hausse de 5,5 % pour le réseau d’agences Laforêt (750 agences), de 4 % et 3,1 % respectivement pour ses concurents Guy Hoquet (Nexity, 500 agences) et Century 21 (900 agences) : le marché immobilier des logements anciens s’est porté mieux que prévu en 2013, ont estimé ces professionnels en affichant leur bilan annuel.
De l’avis général, l’activité a résisté grâce à une baisse historique des taux d’intérêt, descendus aux alentours de 3 %. Ce prix bas de l’argent maintiendrait le marché « sous perfusion ».
Les agents immobiliers ont également constaté une légère baisse du prix moyen au m² (-1,8 % selon Century, – 1,6 % pour Guy Hoquet et – 2 % constaté par Laforêt) au plan national, mais localement – hors des zones tendues comme Paris, l’Ile de France et les grandes métropoles régionales – sur certains types de biens, des baisses plus accentuées, voire de vrais décrochages, ont eu lieu.
« Dans certaines villes, on a vu des décotes assez importantes : les prix ont chuté de 10 % à Lorient, de 12 % à Castres ou de 15 % à Montpellier, pour des produits qui présentaient des défauts », rapporte à l’AFP Elix Rizkallah, président du réseau d’agences immobilières Laforêt.
Selon Century 21, les régions où les prix au m² ont le plus reculé sont les Pays-de-Loire (- 7,8 % à 1 917 €), la Franche-Comté (- 7,7 % à 1 560 €), la Basse-Normandie (- 6,4 % à 1 814 €), la Haute-Normandie (- 5,8 % à 1 587 €) et le département francilien le plus abordable, la Seine-et-Marne (- 6,5 % à 2 294 €).
- Une France de plus en plus « coupée en deux »
En outre l’écart entre les prix relevés en province et à Paris s’est globalement accentué, passant de 4 462 € à 6 100 € en 5 ans, ce qui « coupe la France en deux marchés, celui des villes dynamiques où la demande reste forte et celui des zones désertées par les services publics et l’emploi », aux prix en baisse, a estimé le réseau Guy Hoquet.
Ainsi un budget de 211 000 € permet-il aujourd’hui d’acheter un 4 pièces de 100 m² à Montpellier, un deux pièces de 60 m² dans le centre de Toulouse… ou un « spacieux » studio de 20 m² dans le XVIe arrondissement de Paris, rapporte Laforêt. Et « même dans des régions économiquement dynamiques, certains logements qui datent d’une trentaine d’années, ont des anomalies (mauvaise distribution, faible luminosité, etc…) ou nécessitent des travaux importants, ont connu des baisses de prix significatives », a relevé M. Rizkallah.
Autre particularité de l’année écoulée : même lorsque la demande et l’offre étaient en hausse, l’attentisme a régné et les délais de vente se sont allongés (+ 3 jours en moyenne chez Century 21, à 90 jours, soit trois mois, contre deux en 2004 ; + 5 jours chez Laforêt), car bien souvent « les deux ne sont pas en phase : les offres concernent surtout de grands appartements, et la demande, les petites surfaces », résume M. Rizkallah.
Selon une enquête Ifop réalisée pour Laforêt, à la fin 2013, 56 % des Français déclaraient « préférer attendre » avant de se décider à acheter ou vendre un bien immobilier. Ils espéraient en premier lieu une « baisse des prix » (34 %), une conjoncture économique pas favorable (23 %), une situation professionnelle plus stable (20 %) et de meilleures conditions de crédit (20 %). « Certains acheteurs n’hésitent pas à faire des offres délirantes », rapporte M. Rizkallah, « ils cherchent à casser les prix en se disant : « Je ne suis pas pressé, si ça passe tant mieux, sinon j’attendrai… »