Rénovation > Après 70 ans, Caen voit ses immeubles de la Reconstruction vieillir. Aujourd’hui, leur réhabilitation est facilitée et des travaux voient le jour autour de l’église Saint-Jean.
En juin et juillet 1944, 90 % du centre-ville de Caen, entre la gare et le château, ont été détruits par les bombardements. Du quartier Saint-Jean, il n’est resté que l’église éponyme, son clocher émergeant des décombres. De 1946 jusqu’à la fin des années 1950, le quartier a été redessiné, son niveau rehaussé de 2 mètres – car jusque-là l’île était inondable – et reconstruit. Sept décennies plus tard, les bâtiments divisés en copropriétés privées ont vieilli.
Si le prix au mètre carré du quartier était depuis des années bien inférieur à celui de ses voisins, en premier lieu du centre ancien, la tendance s’inverse depuis deux ans. Dans les douze derniers mois, l’évolution est de 20 % pour atteindre 2 310€ le mètre carré (le prix médian à Caen étant de 2 020 €).
La mise en service des trois lignes du tram-fer, cet été, dans l’avenue du 6-Juin qui le traverse en direction du château, et le développement des quartiers mitoyens, Presqu’île et Rives de l’Orne, ont certainement une influence. Cependant, le renouveau du secteur lui-même participe à cet engouement, accompagné du développement d’une vraie vie de quartier.
Des aides pour les copropriétaires
La ville de Caen, lauréate des deux appels à projets lancés, en 2017 et 2018, par la Région Normandie sur la redynamisation des centres des villes reconstruits, bénéficie de 2 millions d’euros de subventions de la Région.
Une partie a permis à la ville de Caen et la Communauté urbaine Caen-la-Mer de financer des travaux pour l’aménagement des espaces publics, notamment aux abords de l’église Saint-Jean et sur la place de la Résistance, au cœur du quartier Saint-Jean. Une autre partie permet d’aider les copropriétaires à financer des travaux de réhabilitation des parties communes. Les copropriétaires d’une vingtaine de résidences toucheront 1,2 million d’euros, soit 50 % du coût total des travaux définis dans le cadre du Popac (Programme opérationnel préventif d’accompagnement des copropriétés) porté par Caen et la Communauté urbaine de Caen-la-Mer. Soit un millier de logements sur les 3 500 que compte le quartier. Les emblématiques tours marines Ouest, côté Orne, font partie des bénéficiaires. Ainsi, pour les tours marines Ouest, 180 copropriétaires prévoient la couverture, l’isolation des combles, la sécurisation des cages d’escalier et le traitement des pieds d’immeuble. Les travaux s’élèvent à 220 000 €.
L’îlot Trébucien repensé
Occupant la pointe dessinée par le bassin Saint-Pierre et le cours de l’Orne, l’îlot Trébucien, dans le prolongement de la place d’Armes, se prépare pour une transformation profonde. D’ici dix à quinze ans, dans cet ensemble appartenant au bailleur social Inolya (ex-Calvados Habitat), une partie des bâtiments sera démolie laissant place à de nouveaux immeubles très performants respectant la future réglementation bas carbone. Les bâtiments à l’arrière seront réhabilités. La première phase de travaux, côté port, devrait débuter courant 2020 avec la démolition de la barre de 48 logements, puis la construction d’un ensemble de bâtiments à énergie positive (Bepos) de 80 logements. « La réflexion a été faite sur la position de tête de gondole de l’îlot, avec le choix d’en faire un espace de transition entre l’ancien et les quartiers Rives de l’Orne et Presqu’île », explique Loïc Touzé, responsable du Pôle constructions neuves et études urbaines d’Inolya. Hauteurs et volumes en harmonie avec le quartier de la Reconstruction, béton teint couleur pierre de Caen côté port, alors que la façade intérieure serait en bois et le toit couvert de panneaux photovoltaïques. Le permis de construire de cette première phase doit être déposé à la fin de l’année.
Source : Supplément Ouest-France du mercredi 9 octobre 2019