Le Havre. Pour tenter de combler le déficit de logements universitaires, une centaine de "boîtes" vont être aménagées devant l'ancien bureau des dockers havrais. Pas cher et rapide à mettre en oeuvre.

« C’est bien agencé et le prix du loyer (300 € par mois) est correct. » 21 ans, étudiante en animation culturelle et tourisme, Josepha est « intéressée mais pas totalement emballée ». Brut à l’extérieur, l’intérieur du conteneur est propret, et même un tantinet coquet. Les lourdes portes d’acier ont été remplacées par des baies vitrées. Un lit, un bureau, une mini-salle de douche, une kitchenette et un coin repas, voilà le nouvel univers des étudiants havrais à l’emplacement des anciens docks dans le sud de la ville. 10 000 étudiants fréquentent les établissements havrais. Il manque plus de 400 logements.

Rapide et moins cher

« Le concept a été imaginé aux Pays-Bas et s’est déjà répandu en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Australie », indique Eric Clairefond, responsable de l’agence Newden Design, spécialisée dans les logements modulaires. Intérêt de la formule. « Un coût inférieur de 25 % à celui d’une construction classique. Mais aussi sa rapidité de mise en oeuvre. En trois mois, nous pouvons livrer une cité de 100 logements », explique Alberto Cattini, l’architecte.

« Il manque 800 000 logements étudiants en France. » Une aubaine pour la société Newden Design. Une opportunité aussi pour les Ateliers de réparations de conteneurs (ARC) au Havre. « Le port vient de nous accorder 10 000 m² supplémentaires pour développer la production. L’ensemble de la transformation du conteneur est assuré par des PME de la région du Havre », précise François-Xavier Guyomard, patron d’ARC. « Le réservoir est immense. 40 % des conteneurs qui arrivent d’Asie restent dans les pays occidentaux. Soit une trentaine de millions de boîtes que les Chinois considèrent comme des emballages perdus. »

Les promoteurs du projet haut-normand souhaitent développer leur concept « pour aider la population d’Haïti à se loger rapidement dans des conditions correctes ». Pas cher, rapide à mettre en ?uvre, ces conteneurs-logements « répondent aussi aux normes environnementales les plus strictes. Leur isolation phonique et thermique a été poussée très loin. De petits convecteurs rayonnants suffisent pour les chauffer », assure Eric Clairefond. Indépendants les uns des autres, ils sont reliés entre eux par des passerelles « assez larges pour offrir des espaces de convivialité pour les étudiants« .

Le coût global de l’expérience havraise s’élève à 4,8 millions d’euros, financés par le Crous et l’État. La Ville met gratuitement à disposition le terrain pendant 25 ans. « Autre avantage de cette solution de logements, on peut les déplacer quand on le souhaite, souligne l’architecte. Toute la charpente métallique est boulonnée. » Il ne reste plus qu’à les recharger sur des cargos.

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