L'activité du secteur du logement neuf en France s'est encore contractée ces trois derniers mois, à un rythme toutefois moins rapide que précédemment, alors que les mises en chantier devraient prochainement toucher un niveau plancher.
Les ventes de logements neufs ont reculé de 2,6 % en France au premier trimestre, à 20 054 unités. En conséquence, « le niveau des stocks est au plus haut depuis la crise de 2008, atteignant 98 300 logements invendus, soit une progression de 18,1 % par rapport au premier trimestre 2012 », souligne le ministère. Le nombre de mises en chantier de logements neufs entre février et avril a ainsi reculé de 1,1 % sur un an, alors qu’entre janvier et mars, la baisse atteignait 11,2 %.
Ce ralentissement se note aussi au niveau des chiffres cumulés sur douze mois, puisqu’entre mai 2012 et avril 2013, le nombre de mises en chantier de logements neufs a baissé de 16,9 %, à 297 438 unités, alors qu’entre avril 2012 et mars 2013, le recul était de 19,5 %. « Les trois grandes composantes du logement neuf sont mal en point », dit Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris X Nanterre, en référence à l’accession à la propriété, à l’investissement locatif privé et à la construction locative sociale. Pour l’économiste, le repli des mises en chantier de maisons individuelles (- 6,4 % sur février-avril, -12,9 % sur mai-avril) traduit en effet la panne du marché de l’accession à la propriété, à la suite des modifications apportées au mécanisme du prêt à taux zéro. moins de 320 000 logements en chantier en 2013
Le nouveau PTZ+ est devenu moins attrayant là où il était le plus utilisé, c’est-à-dire dans les espaces ruraux et périurbains, souligne-t-il. Aussi, en dépit de conditions de crédit qui se sont encore améliorées, les ménages primo-accédants ont du mal à rendre leur demande solvable. Quant aux mises en chantier de logements collectifs, si elles se redressent de 6,1 % sur la période février-avril, elles plongent de 17 % en cumulé sur douze mois. « Ce qui était en panne depuis plusieurs mois, c’était la promotion immobilière, du fait du repli de l’investissement locatif privé.
Mais depuis le début de l’année, c’est vrai aussi de la construction locative sociale », argumente M. Mouillart. Le recul des agréments de logements locatifs sociaux ces dernières années, dans un contexte de restrictions budgétaires, commence à se répercuter sur les chiffres de la construction, ajoute-t-il.
Les nouveaux permis de construire, qui représentent les mises en chantier de demain, ne sont guère de nature à rendre optimiste. Le nombre de permis de construire accordés pour des logements neufs entre mai 2012 et avril 2013 reste ainsi en diminution, de 6,6 % à 433 339 unités, en dépit d’une hausse de 3,9 % sur un an entre février et avril, à 105 881 unités. Aussi, les mises en chantier devraient connaître en 2013 « un nouvelle diminution, mais de moindre ampleur que l’an dernier », estime M. Mouillart. Selon l’économiste, le nombre total de nouveaux chantiers (incluant les constructions sur des bâtiments existants) devrait atteindre « un peu moins de 320 000 » cette année, soit une baisse d’environ 7,5 %. En 2012, les mises en chantier avaient plongé de 17,8 % à 346.000, dont 304 000 pour les seuls logements neufs.