Le secteur du logement neuf en France a continué de dégringoler au premier trimestre avec un recul de 11,2 % des mises en chantier, atteignant un niveau plancher qui devrait se stabiliser au cours de l'année avant une amélioration probable en 2014.

Les statistiques du ministère du Logement « confirment que l’on a descendu une nouvelle marche », relève Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris-Ouest. Ainsi, le nombre de mises en chantier de logements neufs en France s’est abaissé à 83 929 unités entre janvier et mars sur un an.

Hors construction sur des bâtiments existants, les mises en chantier de neuf sont tombées à 73 929 unités. Sur douze mois (avril 2012 à mars 2013), elles chutent plus profondément de 18 % à 335 900 unités. Le point noir demeure les maisons individuelles dont les mises en chantier ont dévissé de 14,5 % au premier trimestre alors que le logement collectif ne recule comparativement que de 5,6 %.

« C’est le nerf de la guerre », selon M. Mouillart expliquant le manque d’appétit pour les maisons individuelles par la mise en place depuis le 1er janvier d’une nouvelle mouture du prêt à taux zéro consommé essentiellement par les primo-accédants. Ce nouveau PTZ+ s’avère moins favorable pour les ménages modestes les plus concernés et qui achètent en général hors agglomération.

De même, le dispositif qui s’est substitué début 2013 au Scellier, baptisé « Duflot » du nom de l’actuelle ministre qui a porté le projet, semble n’avoir toujours pas convaincu.

A cela s’ajoute un environnement économique difficile – une crise qui perdure, une croissance atone, une consommation en berne et un niveau de chômage record – qui exacerbe la frilosité des promoteurs et investisseurs.

Toutefois, relève le spécialiste, comparé aux dernières données publiées le mois dernier (- 22 % entre décembre et février), la descente aux enfers du logement neuf semble avoir atteint un plancher.

« Point bas »

« L’année ne va pas être bonne, comme attendu. Mais on a l’impression que l’on est en train d’atteindre un point bas dans le grand mouvement de dégradation », estime M. Mouillart. La situation des permis de construire confirme cette tendance. Si leur nombre a augmenté de 5,5 % entre janvier et mars pour s’établir à 129 499 unités, il est en revanche en baisse de 6,2 % à 502 300 unités sur douze mois. Un chiffre considéré par les experts comme plus conforme à la réalité du secteur.

« Il faut être prudent », insiste Michel Mouillart estimant que la hausse du trimestre n’illustre pas réellement un regain d’activité mais est surtout imputable à des renouvellements de demandes de permis de construire dont certaines n’étaient plus conformes en raison notamment de nouvelles normes thermiques.

« Sur 12 mois, on est plus dans la tendance », ajoute-t-il. Reste que sur l’année, la moyenne des mises en construction devrait continuer d’évoluer autour des 320 000 unités. Bien loin de l’objectif de 500 000 logements neufs par an, fixé par le président François Hollande et qui permettrait de combler le déficit d’habitations dans les régions les plus dynamiques économiquement (IDF, Rhône-Alpes, Paca).

Ainsi, 2013 ne devrait pas voir d’amélioration marquante dans le secteur mais plutôt s’inscrire, selon M. Mouillart, comme « une année de stabilisation« . L’année prochaine pourrait apporter une lumière dans ce sombre tableau. « On verra éventuellement quelques éléments positifs en 2014« , assure l’expert.

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