C'est possible grâce à un système de prêt social pour acheter du neuf, souvent bâti par les HLM. Exemple avec Nantes métropole habitat, qui lance deux programmes dans ses cités des sixties
Son chez-soi sans le sou ?
C’est possible grâce à une formule française un peu magique : le PSLA, comme Prêt social location-accession. Le système date de 2004, mais il est encore largement méconnu.
Destiné aux revenus modestes (1), il exonère le bénéficiaire de taxe foncière pendant quinze ans, à partir de la livraison du logement, entre autres avantages. Car le PSLA est conçu pour acheter un logement neuf.
L’emprunteur l’occupe d’abord comme locataire, avant de décider (ou non), de l’acheter, plusieurs mois plus tard. Objectif : tester sa capacité d’emprunt, puisque le « loyer » versé est égal à la mensualité du futur prêt d’accession. On s’en doutait, mais ça va mieux en le disant : ces bonus sont réservés à l’achat de la résidence principale. Et pour empêcher les spéculations, il est interdit de revendre son bien ainsi acquis pendant cinq ans. Sage mesure en effet, puisque les logements éligibles au PSLA sont soumis à un prix maximum au mètre carré. Bien inférieur aux tarifs classiques, dans une ville comme Nantes, avec des T3 à 139 000 €. Pour donner une idée…
Pas sans filet
Le PSLA est un prêt social. Très social, « extrêmement sécurisé », insiste Stéphane Dauphin, directeur de Nantes métropole habitat.
C’est un dispositif d’État, qui protège le futur propriétaire : celui-ci n’est pas jeté dans l’arène des banques et de l’immobilier sans garde-fou. Il est conseillé, accompagné par le bailleur social, lorsque celui-ci est son promoteur, ce qui est souvent le cas. Si par malheur un accident de la vie empêche le locataire d’acheter son appartement, l’organisme HLM le reloge ailleurs, dans son parc. Si c’est le crédit qu’il ne peut plus rembourser, le bailleur lui rachète son bien. Et le reloge aussi.
Pourquoi tant de sollicitude ?
Pour ne pas fabriquer des métropoles françaises uniquement habitées par des gens âgés et riches dans certains quartiers, et par des foyers pauvres dans les autres. C’est, en caricaturant bien sûr, ce qui risquerait d’arriver sans intervention politique. Politique, au sens de gestion de la cité. « Sans des aides telles que le PSLA, les jeunes actifs ne gagneraient pas assez pour rester à Nantes », souligne Stéphane Dauphin.
La situation engendre des phénomènes délétères : relégués en zone rurale ou périurbaine, ces ménages consomment du carburant, polluent, s’endettent, tandis que les métropoles plombent leur courbe démographique en éjectant leur sang neuf.
Rayon HLM nantais, du tout neuf
Nantes Habitat (nouvellement, Nantes métropole habitat) est le deuxième organisme HLM à avoir été créé en France, en 1913. C’est le deuxième de France en volume de parc immobilier. C’est lui qui a fait pousser tours et barres lorsqu’il a fallu loger les baby-boomers, dans les années 60 et 70, à Bellevue, Nantes-Nord, Dervallières, le Clos-Toreau et Malakoff, pour ne citer que les plus repérables des cités nantaises.
« Entre 1995 et 2007, NMH n’a plus construit, ou presque », précise son directeur. Les immeubles avaient vieilli, la politique de la Ville prônait les rénovations indispensables pour ces quartiers gravement disqualifiés. « Il a fallu réhabiliter. Ça a concentré nos capacités de mobilisation. » C’est toujours le cas. « Mais nous avons recommencé à construire à partir de 2007. En 2015, nous avons livré 450 logements. C’est indispensable de renouveler le parc vieillissant, et de proposer aussi du logement social dans les nouveaux quartiers, comme sur l’Île de Nantes. » Proposés en septembre, les appartements de l’Îlot des Îles, près de la grue Jaune, sont partis comme des petits pains. Du côté de Vincent-Gâche, ceux de Polaris sont à vendre depuis peu.
(1) Revenus annuels maximum pour une personne seule : 23 792 € à Nantes. C’est un exemple.
Contact. Site internet de Nantes métropole habitat, www.nmh.fr