Les conflits d’usage sur le littoral s’accentuent, au fur et à mesure que l’espace disponible diminue.Alors, faut-il réserver l’usage du littoral à certaines activités, au détriment d’autres ?
Ferme conchylicole ou hôtel pour vacanciers ou habitat résidentiel secondaire ? Cette équation, les maires des communes littorales la connaissent par cœur mais tous ne l’ont pas encore résolue. Sur le littoral français, chacun est tiraillé par des injonctions contradictoires.
Les activités maritimes (pêche et conchyliculture en tête) ont un besoin vital d’avoir accès à la mer alors que certains territoires ont un besoin vital de développer le tourisme. Avec des conséquences ubuesques : des habitants nouvellement installés qui ne supportent pas les nuisances de la ferme conchylicole à côté ; des entreprises locales qui périclitent et des locaux qui ne savent plus comment se loger face à l’envolée des prix de l’immobilier ! À la direction maritime de la Région Bretagne, on cherche encore la réponse à l’équation : « On ne veut pas empêcher les gens de venir mais on doit garantir le développement économique maritime », résume un agent.
Des garde-fous intégrés au plan d’urbanisme
Localement certaines communes, comme Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), ont pris la mesure du problème en intégrant dans leur plan local d’urbanisme des garde-fous interdisant de transformer certaines constructions en studios de vacances, par exemple. Pour le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser), il serait intéressant de construire un outil de gestion du foncier littoral, sur le modèle de la Safer qui gère les terres agricoles, afin de réserver des espaces aux activités économiques maritimes. Une option que le vice-président à la mer de la Région, Pierre Karleskind, ne rejette pas, et qui pourrait être intégrée dans la future stratégie régionale mer et littorale, qui sera votée d’ici à 2018.
En attendant, chaque nouvelle utilisation de l’espace maritime fait l’objet de concertations pour tenter de mettre d’accord les différentes parties. Comme sur le projet de parc éolien dans la baie de Saint-Brieuc, auquel la commission d’enquête publique a donné un avis favorable, tout en prenant en compte l’avis des pêcheurs, inquiets de l’impact des infrastructures sur les populations de saint-jacques, seiches, bars ou homard. En réponse, la commission s’est notamment prononcée pour un « enfouissement maximal des câbles inter-éoliennes ». Un bon exemple de travail commun afin de garantir l’usage de la mer et du littoral pour tous.