Quand son mari lui a dit qu'il allait acheter pour leur retraite la villa d'Oscar Pistorius, le champion handisport sud-africain jugé pour meurtre, Mme Louwrens a fait la tête.
C’est en regardant la télévision que Louwtjie Louwrens a eu le coup de coeur pour la maison dont l’athlète paralympique sud-africain a précipité la vente cette année pour financer la coûteuse équipe d’avocats qui le défend au procès.
Pas gêné le moins du monde par les images de carrelage effroyablement maculé de sang, montrées durant le procès, ni par les récriminations de sa propre famille, M. Louwrens, 57 ans, a surtout retenu de l’endroit qu’il était sécurisé.
« J’ai vu la photo de cette maison à la télé et c’était une belle maison », a t-il dit.
Pistorius, qui en demandait 5 millions de rands (environ 360.000 euros), lui a finalement laissé les clés pour 4,5 millions de rands (318 000 euros environ). Il n’y habitait plus depuis le meurtre de sa petite amie en février 2013.
« Au final, c’est une bonne affaire », se félicite M. Louwrens. « Je suis venu, j’ai vu des enfants jouer dans la rue (de la résidence, ndlr). Des gens m’ont même dit qu’ils ne fermaient pas à clé en sortant de chez eux », explique l’heureux acquéreur. Consultant minier, il habite à une cinquantaine de kilomètres, à Boksburg.
« Au début ma femme n’était pas très emballée », reconnaît-il. Depuis, il a fait venir des ouvriers et ne prévoit de toute façon pas d’emménager avant quelques années. « Maintenant qu’ils ont commencé les travaux, je sens qu’elle commence à se détendre par rapport à l’endroit ».
Située dans Silver Wood Estate, un lotissement fortifié haut de gamme de l’agglomération de Pretoria, la villa jouit d’un environnement privilégié dont la tranquillité a été même vantée durant le procès, en particulier la nuit.
- Mur d’enceinte et clôture électrifiée
On pouvait rêver mieux comme petite annonce immobilière. Mais de fait, c’est en raison du calme olympien régnant la nuit que Michelle Burger, témoin à charge et voisine de la résidence à côté, a expliqué pourquoi il fallait la croire quand elle a décrit les hurlements de femme « à glacer le sang » entendus durant le drame.
Elle dormait « fenêtres ouvertes ». « Le quartier est particulièrement calme, voisin d’une réserve naturelle », a-t-elle dit, contredisant les affirmations de la défense de Pistorius qui a expliqué pourquoi il avait des raisons d’être inquiet, de croire à un cambriolage, et de s’emparer de son arme pour se défendre.
Abritée comme toutes les autres maisons de la résidence par un mur d’enceinte, hérissé d’une clôture électrifiée, l’ex-villa de Pistorius n’est pourtant pas accessible au simple passant. Le portail principal de la résidence est strictement contrôlé, comme c’est l’habitude dans les complexes sécurisés en Afrique du Sud où la peur du cambriolage violent reste une réalité et les vigiles privés plus nombreux que les policiers.
Chaque « estate » a son protocole pour autoriser l’entrée: un code visiteur qui change toutes les semaines, un interphone pour vérifier que le visiteur est bien attendu avant que la barrière ne se lève, un registre à signer avec nom, prénom, téléphone et plaque d’immatriculation, etc.
Une voisine, Tracy, 38 ans, qui habite la même rue que Pistorius, confirme: « Je me rappelle le jour où on est venu voir les parcelles. Je voulais juste entrer et regarder la résidence, mais ils ont catégoriquement refusé de me laisser pénétrer ». « J’ai insisté, j’ai dit que je voulais juste faire un tour. Ils ont été aimables mais intraitables », ajoute-t-elle, précisant avoir acheté elle aussi par souci de sa sécurité. « Ici, ils patrouillent à pied, pas en voiture. Il y a une clôture électrifiée, un gros mur. Chacun peut avoir un avis, mais moi, je n’ai pas peur ».