Une étude montre qu'il est toujours bien présent dans nos maisons et appartements. Dans l'eau,mais aussi la peinture, malgré l'interdiction de 1948. Avec pour conséquence des risques de saturnisme.

Saturnisme. En 2008, à la demande des pouvoirs publics, une étude d’imprégnation menée sur 3 800 enfants âgés de 6 mois à 6 ans répartis sur tout le territoire a permis de chiffrer les cas de saturnisme. Cette maladie, due à la présence de plomb dans le sang, engendre notamment des retards mentaux. Après extrapolation, on estime à 5 300 le nombre d’enfants en France qui présentent un taux supérieur à 100 microgrammes de plomb par litre de sang, seuil administratif actuel du saturnisme.

Étude de terrain. « Nous avons retenu 484 cas explique Philippe Glorennec, professeur d’évaluation des risques à l’EHESP (l’École des hautes études en santé publique) de Rennes. Nous avons alors mené une enquête de terrain dans les logements et cadre de vie. » Pour la première fois en France, de nombreuses mesures du plomb ont été réalisées dans les peintures, les poussières, et dans l’eau que boivent les enfants. L’enquête se veut représentative des différents types de logement, individuels ou collectifs, de leur vétusté et de leur répartition géographique.

Mauvaise surprise. Après l’interdiction de la peinture au plomb en 1948, on pouvait penser qu’elle avait disparu de nos murs. « On a eu la surprise de constater que non. Elle a visiblement été utilisée au moins jusque dans les années 70. Donc elle est toujours très présente. » On sait désormais que dans 878 000 logements en France accueillant des jeunes enfants, on trouve de la peinture au plomb. « Dans 170 000 d’entre eux, elle est dans un état dégradé. » Elle s’écaille, tombe en morceaux sur le sol, à la portée des mains et des bouches des plus jeunes.

Dans l’eau du robinet. L’étude montre également que dans 100 000 logements, on trouve une eau avec un taux de plomb supérieur à 10 microgrammes par litre. Soit la valeur maximale fixée par la Commission européenne à compter du 1er janvier 2013. Cette fois ce sont les canalisations qui sont montrées du doigt.

Quel seuil pour quel danger ? Le plomb agit sans seuil. « Plus l’enfant est exposé, plus il risque de souffrir de retard mental. On sait bien que l’on n’arrivera jamais à un niveau zéro puisque le plomb existe à l’état naturel dans les sols. Mais notre étude montre qu’il y a du boulot à faire dans l’habitat. »

Suivre l’exemple allemand ? Financée par les ministères de la Santé, du Logement et de l’Écologie, l’étude, démarrée en 2008, vient seulement d’être bouclée. « Nous avons envoyé les données aux pouvoirs publics. Une réflexion va être lancée à l’automne pour savoir si l’on doit abaisser les seuils de présence du plomb. »

Aux États-Unis, on est passé de 100 microgrammes par litre de sang à 50 et en Allemagne à 35. « Des études ont montré des effets nocifs sur la santé même en dessous de ces valeurs. »

D’autre part, le Centre scientifique et technique du bâtiment, partenaire de l’étude, mène une action pour améliorer le diagnostic plomb réalisé lors de la vente d’un logement.

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