Depuis 2008, le marché de l’immobilier à Caen n’a jamais été aussi actif. Jusqu’à créer une pénurie sur certains biens comme la maison de centre-ville.
Effet Macron
Avec 3,8 % de hausse des prix dans l’immobilier à Caen, en 2017, peut-on parler de flambée ?
« Non, corrige Me Aymeric Cours-Mach, notaire. Car, c’est la première augmentation significative depuis la crise de 2008. »
Il s’agit donc d’un rattrapage ? « Non plus. Les prix n’ont jamais plongé. Et nous ne sommes pas dans la configuration de 2003-2007, période d’augmentation et de rareté généralisées. » Caen suit, en fait, une tendance nationale, liée aux taux d’intérêt d’emprunts historiquement bas, favorisant les primo-accédants. « On ressent aussi le retour d’une certaine confiance. L’effet Macron, en quelque sorte. »
Maison dans le centre, perle rare
Ce que retiennent les professionnels de l’année écoulée, c’est le volume de transactions. « Le nombre de ventes a explosé. Une vraie nouveauté. D’autant qu’avec le phénomène des séparations et des familles recomposées, quand un logement se vend, deux s’achètent. Chaque conjoint veut disposer du même nombre de chambres pour accueillir ses enfants. Les budgets sont certes plus serrés, mais, mine de rien, deux biens sont recherchés. » Cette ruée sur l’immobilier peut générer la pénurie. « Trouver, en centre-ville, une maison de 150 m², entre 400 et 600 000 €, est très compliqué. Il y a de la demande, mais plus d’offre. »
La campagne délaissée
L’époque, où travailler à Caen et vivre à la campagne était un idéal, est révolue. « Faire la route a un coût. Avoir une grande maison sur un terrain de 2 000 m², à 40 km, n’intéresse plus. » L’éloignement, aujourd’hui, n’excède guère la première couronne et des communes comme Ifs, Fleury, Mondeville… La démographie de la ville centre s’en ressent. « Un manque de renouvellement professionnel justifie aussi la baisse de sa population. Contrairement à Nantes et Rennes, Caen peine à attirer des travailleurs. Les retraités, en revanche, sont de plus en plus nombreux à venir s’installer dans cette ville à taille humaine, au cadre de vie agréable et sécurisé. »
Start-up et baby boomers
Caen, ville pour cheveux gris ? Le notaire nuance son analyse. « Les nouvelles technologies, les pépinières de start-up représentent l’avenir, estime Me Cours-Mach. Des jeunes couples commencent à s’installer en ville. Ils pourront bientôt acheter les maisons que les baby boomers, âgés de 70 ans et plus, mettent en vente. »
Avec ou sans cachet
L’embellie actuelle ne profite pas à tous les quartiers. « Un appartement, dans un immeuble reconstruit, rue Saint-Jean, n’est guère recherché, malgré sa situation centrale. Il est, en général, mal isolé, mal insonorisé. Il a mal vieilli. Le prix moyen au m² d’un appartement ancien est de 1 850 €, étant entendu qu’un logement avec cachet, rue Froide, sera au-dessus, et un autre, plus banal, dans le quartier Sainte-Thérèse, en dessous. » Dans Caen et sa métropole, le prix moyen d’une maison de 100 m² est de 195 000 €. « Un niveau de prix que, sur Caen même, on ne trouve guère que dans les quartiers sud, à la frontière avec Ifs. »