Cinq ans après la chute provoquée par la crise financière de 2008, les prix de l'immobilier sont revenus à des sommets au Royaume-Uni où l'on redoute l'émergence d'une nouvelle bulle.

Selon le dernier indice publié par l’office britannique des statistiques, les prix ont augmenté de 3,3 % sur un an en juillet dans l’ensemble du pays, tutoyant leur pic de janvier 2008 et le dépassant même en Angleterre.

Une situation due principalement à l’envol des prix dans la capitale (+ 9,7 %), prisée par les riches étrangers. Le scénario est tout autre en Ecosse par exemple (- 2 %), où ils restent toujours en-dessous de leur pic de 2008, comme au pays de Galles et en Irlande du Nord. Comptez en moyenne désormais 438 000 livres (520 000 euros) pour une maison à Londres contre 245 000 livres au Royaume-Uni, 182 000 en Ecosse et 132 000 en Irlande du nord.

Signes de l’embellie du marché, dans un contexte de renforcement de la reprise économique, les prêts immobiliers accordés se sont inscrits à leur plus haut niveau depuis 2009 en août, selon l’association des banquiers britanniques tandis que le nombre d’agents immobiliers n’a jamais été aussi important.

La chaîne londonienne d’agences Foxtons a d’ailleurs fait son entrée en Bourse la semaine dernière sur les chapeaux de roues. De quoi faire ressurgir le spectre d’une nouvelle bulle immobilière. D’autant plus que le gouvernement du conservateur David Cameron, à la recherche de recettes pour redresser l’économie en cette période de vaches maigres, est en train de mettre en place un dispositif baptisé « Help to buy » pour soutenir le marché. A travers ce mécanisme, l’Etat peut prêter à l’acheteur jusqu’à 20 % du prix d’un bien immobilier allant jusqu’à 600 000 livres.

« A des années lumière d’une bulle », affirme le gouvernement

Ce dispositif a été vivement dénoncé par l’opposition travailliste. « C’est le b.a-ba de l’économie, George », a lancé lundi le responsable des questions économiques du parti, Ed Balls, lors de son congrès annuel, à l’adresse du ministre des Finances, George Osborne. « Si tu soutiens la demande immobilière mais n’agis pas sur l’offre, la seule chose qui arrive, c’est que les prix grimpent et grimpent encore », a-t-il critiqué.

Au sein même du gouvernement, ce dispositif fait débat, le libéral-démocrate Vince Cable ayant mis en garde contre le risque « d’une nouvelle bulle », avant d’être contredit par le reste de l’exécutif.

« Nous sommes à des années lumière d’une bulle immobilière dans ce pays », a ainsi assuré mi-septembre Danny Alexander, vice-ministre du Trésor.

Mais au-delà de la rhétorique politique, la Banque d’Angleterre prend également le sujet au sérieux. La « Vielle Dame » de Threadneedle Street (le surnom donné à la banque centrale) « est totalement consciente du risque d’une hausse insoutenable des prix et des crédits et surveillera cela de près », a déclaré fin août son nouveau gouverneur, Mark Carney. Tout en se voulant rassurant : « les attributions de crédits sont à un peu plus de la moitié de leurs niveaux d’avant la crise, tandis que les transactions sont à un peu plus des deux tiers », a ajouté le Canadien.

Face aux inquiétudes, George Osborne a décidé de donner plus de pouvoirs à la Banque d’Angleterre qui devra évaluer chaque année le dispositif « Help to Buy » et recommander un changement des conditions, en cas de surchauffe.

Mais, sans nier le risque, les économistes ne semblent pas croire pour le moment à un danger imminent. « Le risque grandit » en particulier à Londres et dans le sud-est du pays « mais nous sommes actuellement assez loin d’une nouvelle bulle immobilière« , juge Howard Archer d’IHS Global Insight car la hausse des prix devrait être limitée « à court terme » par une faible croissance des revenus et par un niveau d’activité sur le marché immobilier inférieur à celui d’avant la crise.

Matthew Pointon de Capital Economics estime même pour sa part que les « craintes d’une reprise trop rapide du marché immobilier sont exagérées », les banques n’affichant pas au sortir de la crise le « même enthousiasme » que les acheteurs, en prêtant à tour de bras.

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