Le logement est un besoin fondamental, mais aussi un vecteur clé d’émancipation financière. Pourtant, l’accès à la propriété reste plus difficile pour les femmes. Inégalités salariales, accès au crédit plus complexe, poids plus important du budget logement... de nombreux obstacles freinent leur parcours immobilier. Faisons un état des lieux de la place des femmes dans l’immobilier et des solutions pour les surmonter.
Les chiffres sont sans appel : les femmes sont moins souvent propriétaires que les hommes. Selon la Fondation pour le Logement des Défavorisés , lorsqu’un seul membre d’un couple est propriétaire, il s’agit de l’homme dans 27 % des cas, contre seulement 15 % pour la femme. De plus, entre 1998 et 2015, l’inégalité de patrimoine entre hommes et femmes est passée de 9 % à 16 %, un des taux les plus élevés en Europe.
Pourquoi cet écart persiste ?
- Des revenus inférieurs : En 2024, l’Insee rapporte un écart salarial de 13,9 % en équivalent temps plein entre hommes et femmes, limitant la capacité d’épargne et d’investissement et de ces dernières.
- Une transmission du patrimoine encore inégalitaire : Les traditions en matière d’héritage foncier continuent de favoriser les hommes, considérés comme de meilleurs gestionnaires. Les femmes héritent moins fréquemment ou dans des proportions moindres.
- Un impact fort des séparations : Après une rupture, la part de femmes propriétaires chute de 61 % à seulement 30 %, alors que leur niveau de vie diminue plus fortement que celui des hommes.
Emprunter coûte plus cher aux femmes
S’il n’existe pas de discrimination explicite dans l’octroi des crédits, les femmes, et notamment les mères célibataires, se heurtent à des critères qui jouent en leur défaveur.
- Bien que les banques examinent leur taux d’endettement, leurs revenus et leurs charges de la même manière que pour les hommes, elles accordent une attention particulière au concept de « reste à vivre après enfants ». La plupart exigent un reste à vivre par enfant de 200 € à 300 € après remboursement.
- Ajoutons à celà que les pensions alimentaires et aides de la CAF ne sont pas comptabilisées comme des revenus stables pour évaluer le taux d’endettement, réduisant leur capacité d’emprunt.
- De plus, les femmes ont généralement une capacité d’emprunt moins élevée que les hommes. Elles réussissent pourtant à mobiliser un apport personnel plus conséquent de 10% que ces messieurs, contredisant l’idée reçue selon laquelle les femmes seraient plus dépensières et de moins bonnes gestionnaires.
- Assurance emprunteur : une inégalité cachée : malgré une espérance de vie plus longue et un risque de sinistre moindre, elles ne bénéficient pas de taux préférentiels. Une étude de Magnolia.fr (2018) révèle que, malgré des montants empruntés plus faibles, les femmes paient des primes d’assurance plus élevées que les hommes.
Le poids du budget logement dans les finances des femmes
Les dépenses liées au logement pèsent plus lourdement sur le budget des femmes, en particulier pour les plus modestes. Selon une étude d’Oxfam France, les 25 % des ménages les plus modestes consacrent deux fois plus de leurs revenus aux dépenses de logement que les 25 % les plus aisés. Cette situation touche particulièrement les femmes, qui sont surreprésentées parmi les ménages modestes et monoparentaux. Par ailleurs, les femmes représentent également la grande majorité des retraité.e.s pauvres.
De plus, les femmes sont plus vulnérables face au mal-logement. Elles sont moins souvent propriétaires et, en cas de séparation, perdent plus fréquemment ce statut. En effet, après une rupture, la part de femmes propriétaires se réduit de moitié, passant de 61 % en couple à 30 % en tant que célibataires.
Enfin, les femmes sont largement sous-représentées dans l’investissement locatif en France. Elles ne représentent qu’un tiers des bailleurs si on inclut celles qui investissent en couple. Un rapport qui descend à un cinquième si on considère les femmes qui investissent seules.
Propriété et matrimoine : un levier d’émancipation à renforcer
Malgré ces obstacles, l’accès à la propriété constitue un vecteur d’émancipation financière pour les femmes.
Devenir propriétaire permet de sécuriser son logement, de se constituer un matrimoine* et de réduire la part du budget consacrée au loyer. Cependant, pour que cette émancipation soit effective, il est nécessaire de lever les freins existants, notamment en luttant contre les inégalités salariales et en favorisant l’accès des femmes aux postes à responsabilités.
Quelles solutions pour les femmes ?
La place des femmes dans l’immobilier révèle des écarts persistants, freinés par des inégalités salariales, un accès au crédit plus compliqué et un poids budgétaire plus élevé. Pourtant, des solutions existent pour réduire ces écarts :
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- Favoriser l’éducation financière et l’accès à l’investissement immobilier dès le plus jeune âge.
- S’éduquer soi-même sur sa situation et son autonomie financière grâce à des conseillers en gestion de patrimoine et en ligne ( on peut vous recommander oseille.et.compagnie sur Instagram par exemple)
- Encourager les banques à intégrer les pensions alimentaires et aides familiales dans le calcul du taux d’endettement.
- Mettre en avant le matrimoine, afin de revaloriser la place des femmes dans la transmission patrimoniale.
- Faire des hommes de votre entourage de vrais alliés en leur expliquant ces inégalités et comment en venir à bout.
L’accès à la propriété n’est pas seulement un enjeu financier, c’est aussi un enjeu d’égalité.
*Le terme matrimoine n’est pas un néologisme. Il est employé dès le Moyen Âge et désigne les biens hérités de la mère, quand le patrimoine désigne ceux hérités du père. Réhabiliter le terme de matrimoine, tombé en désuétude, permet de revaloriser l’héritage des femmes, que le terme de patrimoine a tendance à invisibiliser.