Il y a sept millions de logements mal isolés. Le gouvernement veut rénover 500 00 logements par an, jusqu'en 2022. L'Ademe pilote une campagne pour coordonner les efforts.
Entretien avec Arnaud Leroy, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Les Français ne rénovent pas assez leur logement. Pourquoi ?
Une de nos récentes enquêtes montre que les gens ne font pas des travaux pour sauver la planète, mais d’abord pour se sentir bien chez eux. Nous devons adapter notre communication, parler aussi confort, valeur patrimoniale. Un bâtiment avec un mauvais diagnostic de performance énergétique se vend moins bien…
Les particuliers reprochent l’instabilité des dispositifs d’aide…
Comme toutes les politiques fiscales, si vous voulez qu’elle fonctionne, il faut de la stabilité et de la visibilité. On a donc revu les bouquets de travaux éligibles aux aides, pour se concentrer sur les plus rentables en terme énergétique. Nous devons aussi améliorer la formation des professionnels agréés et la fiabilité du diagnostic : il n’est pas normal que l’on puisse faire changer le classement de son logement de D à C en appelant un autre diagnostiqueur dans la journée !
Que faites-vous pour les 3,8 millions de précaires énergétiques ?
C’est le point fort de cette campagne « Faire » : des aides directes, des primes, dès le 1er janvier 2019, et plus seulement des crédits d’impôts. Et mieux cibler ces ménages.
Et pour les 42 % des ménages français locataires, dépendants de leur propriétaire ?
Si, dans six mois-un an, on constate que le marché de location n’est pas mobilisé, il faudra comprendre pourquoi. Le ministère a des paroles fortes à ce sujet. Pour un logement classé F ou G, soit vous entamez des procédures de rénovation, soit vous avez l’interdiction de le louer. C’est un moyen envisagé pour que les locataires ne soient pas les dindons de la farce de ce programme.
Nicolas Hulot parlait d’une baisse des moyens. Votre budget est-il sécurisé ?
Je ne peux pas m’avancer, nous sommes en pleine discussion budgétaire pour 2019. Mais si l’on veut atteindre notre objectif ambitieux, il faudra faire des efforts constants jusqu’en 2022. Et mettre une rallonge.
Un commentaire sur le départ de Hulot ?
J’ai travaillé six mois avec lui et il a obtenu de bonnes choses. Mais il faut accepter : c’est une transition et non une révolution. Une transition, ça se construit sur plusieurs décennies…
On ne les a peut-être pas…
Ça ne veut pas dire y aller à un pas de sénateur. Il faut une constance nationale face à ce bouleversement climatique. Les stop-and-go sont mortifères. Demain, ils seront mortels.