Gigantesque et controversé éclat de verre de 310 mètres de haut, le Shard, plus haut gratte-ciel d'Europe, est officiellement inauguré jeudi à Londres, prêt à temps pour rayonner lors des jeux Olympiques qui commencent dans trois semaines.

Un lancement en grande pompe est prévu pour la nouvelle star du paysage londonien, ?uvre de l’architecte italien Renzo Piano: un spectacle de lumières, projetées sur le gratte-ciel et sur les grands monuments de la capitale britannique, est prévu dans la soirée, avec la participation du London Philharmonic Orchestra.
Dans l’après-midi, le Premier ministre du Qatar, Hamad bin Jassim al-Thani, dont le pays a financé le gratte-ciel, doit participer aux côtés du prince Andrew – l’un des fils de la reine Elisabeth – à l’inauguration officielle, à 15H00.

Douze ans après le lancement du projet, cet événement marque l’achèvement de la partie extérieure du gratte-ciel, à l’intérieur duquel les travaux continueront jusqu’en 2013.
Le Shard devient ainsi le plus haut gratte-ciel d’Europe, tout en restant loin derrière la plus haute tour du monde, Burj Khalifa à Dubaï, qui culmine à 828 mètres.
Avec sa silhouette effilée, ses 95 étages et son observatoire offrant au public une vue panoramique à 360 degrés, il promet de devenir l’une des attractions touristiques de Londres, qui s’apprête à accueillir deux millions de visiteurs à l’occasion des JO.

Ses promoteurs ambitionnent d’en faire un emblème de Londres « comme l’Empire State Building l’est à New York ».

Pour Ken Livingstone, qui était maire lorsque le projet a été lancé, le Shard va « définir Londres ». « A la différence de ce qui se passe pour de nombreuses autres tours, les Londoniens auront accès à celle-ci », a argué le travailliste jeudi sur la BBC.

Installé au sud de la Tamise, dont les rives ont fait l’objet de projets de rénovation tous azimuts, le gratte-ciel est selon les termes de Renzo Piano une « petite ville verticale » de 12 000 personnes, avec un hôtel cinq étoiles, des restaurants de luxe, 600.000 mètres carrés de bureaux et des commerces.

Mais pour y vivre, il faudra un solide compte en banque car la dizaine d’appartements avec une vue imprenable situés entre le 53e et le 65e étages -les plus hauts du marché britannique- se vendraient jusqu’à 50 millions de livres (62 millions d’euros), selon les chiffres qui circulent dans les médias britanniques.

Le gratte-ciel ouvrira ses portes aux touristes en février 2013 et plus de 17 500 personnes se sont déjà inscrites sur Internet pour le visiter.
La tour, qui réfléchit le capricieux ciel londonien sur ses facettes de verre, est sortie de terre en 2009, poussant ensuite comme un champignon. Mais ce projet de 450 millions de livres, financé à 95 % par le Qatar, a aussi suscité de vives critiques.
Les défenseurs du patrimoine, notamment l’association English Heritage, lui reprochent « d’être au mauvais endroit » et de porter atteinte aux vues protégées sur la cathédrale Saint-Paul ou le Parlement. Même l’Unesco s’en est mêlée, jugeant qu’il nuisait à « l’intégrité visuelle » de la Tour de Londres, inscrite à son patrimoine mondial.
« Le Shard a balafré le visage de Londres pour toujours », déplorait récemment dans le Guardian le commentateur Simon Jenkins.
Piano, 74 ans, qui a aussi conçu le Centre Pompidou à Paris, balaie les critiques entourant son gratte-ciel. « Les nouveaux bâtiments ont toujours du mal à se faire accepter, mais St-Paul était moderne à son époque », rappelait-il en février lors d’une visite du Shard.

La « Skyline » de Londres compte déjà nombre d’imposants gratte-ciels, comme l’incontournable Gherkin (cornichon) et cinq autres sont actuellement en construction. Ce qui vaut à la ville une réputation d’audace architecturale comparée à des capitales comme Paris, où la hauteur est limitée.

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