Plus d'un mois et demi après la rentrée, des étudiants sont toujours en quête d'un logement à Angers.

Il avait d’abord lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. Une bouteille à la mer afin de trouver une location à Angers pour trois étudiants. Il a ensuite signé un cri du cœur, comme un coup de gueule, contrebalançant sacrément le coup de com de la Ville pour le cap des 40 000 étudiants qui était franchi. « C’est le pire Erasmus de ma vie, éloignez-vous d’Angers », a lâché Daniele sur son compte Twitter avec les hashtags qui vont bien et qui circulent vite.

Un mois en caravane au camping du lac de Maine

Italien, Daniele n’est ni « anti-Angers », ni politisé, ni syndiqué. Encore moins novice. Le jeune homme est un étudiant de l’Université Luigi Vanvitelli de Caserte qui est venu suivre sa sixième année de médecine à la Faculté d’Angers dans le cadre d’une bourse Erasmus. Il est actuellement en stage au CHU d’Angers. Après avoir longuement hésité à rentrer chez lui.

« J’ai regardé les vols car la situation est trop stressante et trop chère. Mais j’ai décidé de terminer le premier stage», confie-t-il avec amertume. Daniele vit dans un Aparthotel avec deux autres étudiants italiens de 5e année de médecine. « Nous avons déjà dépensé 2 500 € sans compter les dépenses de base pour les repas et le transport », s’étrangle-t-il. Hier, il a reçu une proposition pour une chambre sur le campus de Belle-Beille

Le cas de Daniele n’est évidemment pas unique. C’est Ghislain, en première année de psycho, qui a vécu un mois dans une caravane au camping du Lac de Maine. « Cinq étudiants ont séjourné chez nous. En septembre, on a eu des demandes d’hébergement tous les jours et on a essayé de rediriger vers les structures dédiées car la location d’un chalet au mois, c’est 2 300 € », confie Josette Kuipers, la responsable du camping d’Angers.

C’est Clément, en licence pro intervention sociale, qui multiplie les petits séjours chez les uns, chez les autres. C’est Capucine qui « squatte » chez une copine. « Y a pas mal de débrouillardise mais le problème est bien réel. Et ce n’est même pas un problème d’argent, même si quelques propriétaires proposent désormais des chambres seules à plus de 500 € », explique Chloé Jardinaud, la secrétaire générale de l’UNEF. Le syndicat étudiant a lancé un état des lieux sur le logement étudiant dans la ville.

Une triple cause

De fait, personne n’avait mesuré l’ampleur de cette crise liée à l’installation d’une nouvelle école à Belle-Beille (550 étudiants de l’ISTOM), l’arrivée sur le « marché » de l’enseignement supérieur des très nombreux « bébés 2 000 » et la mutation de chambres étudiantes en chambres Airbnb.

« Notre plan d’urgence – hébergement était effectif. On avait anticipé le problème mais pas l’ampleur du problème », assume Kévin Chevallier, le responsable InfoCampus de l’Université d’Angers. Mis en place à Belle-Beille et à Saint-Serge pour épauler les étudiants dans leurs démarches extra-scolaires (bourse, logement, transport, santé, restauration, sport…), le guichet Infocampus de la Fac a quasiment joué les agences immobilières. « On s’est retrouvé face à des étudiants complètement démunis. On a résolu des situations, on a joué les médiateurs, on a proposé des parcours d’urgence en hôtels pour gagner du temps sur les recherches mais on n’a pas de baguette magique, non plus », dit encore Kévin Chevallier.

Interpellée, la Ville a également pris le problème à bras-le-corps en faisant marcher son réseau et en alertant les bailleurs sociaux. Un sérieux tour de table entre les différents acteurs (Universités, écoles, CROUS, bailleurs sociaux, collectivités locales) paraît inévitable.

2 340 chambres CROUS

À Angers, le CROUS gère 2 340 logements (1 279 en cités U et 1 061 en résidences universitaires). Pour 40 000 étudiants.

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