Après une année 2017 exceptionnelle à tout point de vue, le marché de l'immobilier, notamment celui de la construction individuelle, profite davantage à la couronne nord yonnaise. Toutefois, cette embellie a commencé à fléchir fin 2018. De quoi inquiéter les professionnels du bâtiment pour 2019.
Le marché de l’immobilier aurait-il atteint son pic en 2017 ? Pour rappel, cette année avait été exceptionnelle à tout point de vue, que ce soit dans l’immobilier ancien ou dans le neuf. Les ventes avaient atteint un chiffre record et dépassé les 10 000 transactions sur l’ensemble du département vendéen.
Côté construction, après une période critique entre 2012 et 2015, les mises en chantier et les autorisations de permis de construire sont reparties à la hausse. En 2017, le seuil des 6 000 terrains à bâtir a même été dépassé, chose qui n’était plus arrivée depuis 2007. 120 lotissements et Zac ont été autorisés cette année-là.
Cette embellie s’explique par plusieurs facteurs, comme des taux bancaires historiquement bas, des dispositifs renforcés comme le PTZ, la loi Pinel bénéfique à ceux qui souhaitent investir dans le locatif…
11 communes bien loties
L’année 2018 a suivi cette tendance, mais a, peu à peu, affiché un fléchissement. Notamment côté mises en chantier. Dans le Pays yonnais, leur nombre grimpait à 519 fin octobre 2018. En 2017, sur une année pleine, on était à 642 mises en chantier.
Toutefois, certaines communes sont loin d’avoir ressenti une baisse de leur attractivité. Sur nos 24 communes, onze comptent, en 2018, plus de mises en chantier qu’en 2017. Et principalement au nord. Conséquence probablement des lotissements autorisés en 2017.
Aizenay arrive en tête. Fin octobre 2018, la commune recensait 83 mises en chantier. Mieux qu’en 2017 et ses 77 constructions lancées. Ces chiffres sont loin d’être surprenants, puisqu’Aizenay est une des communes de Vendée qui connaît une des plus fortes croissances démographiques.
Parmi les autres communes qui voient le plus de constructions sortir de terre en 2018, on retrouve Mouilleron-le-Captif, Dompierre-sur-Yon et Bellevigny. Des communes bien placées, sur des axes structurants et qui restent en périphérie, proche de la principale ville du Pays yonnais, La Roche-sur-Yon.
On note aussi un boom du côté de Venansault, qui passe de 4 mises en chantier en 2017 à 32 en 2018. Même scénario plus au sud, à Moutiers-les-Mauxfaits, qui double entre 2017 et 2018.
A l’inverse, la ville préfecture laisse apparaître un net recul. Selon les chiffres de l’Adile, issus des données Sitadel, de 159 mises en chantier en 2017, La Roche-sur-Yon n’aurait compté, entre janvier et octobre 2018, que 63 mises en chantier. Soit trois fois moins. Une baisse qui n’inquiète pas pour autant l’adjoint à l’urbanisme, Malik Abdallah, qui rappelle que « 2 000 logements sont en projet sur La Roche » .
Les professionnels inquiets pour 2019
Depuis deux ans maintenant, les métiers du bâtiment ont retrouvé du souffle. 2 018 s’annonce comme « une bonne année avec une augmentation de l’activité de +10 % par rapport à 2017 », indique Henri Massiot, président de la Fédération française du bâtiment de Vendée (FFB 85). Un dynamisme qui s’est aussi soldé par une hausse de 2,5 % des effectifs.
Ce marché a toutefois un revers. L’accélération des dépôts de dossiers de permis de construire, pour s’assurer des derniers droits en zone B2 de la loi Pinel en 2017, s’est concréstisée par des mises en chantier dans la foulée. Or, depuis 2018, les zones B2 ont disparu, zones qui concernaient de nombreux territoires en Vendée comme La Roche, Les Herbiers… et, avec elles, les investisseurs. « Si 2018 a été globalement bonne, on a remarqué un fléchissement important au cours des trois derniers mois de l’année, avec des opérations non commercialisées, des promoteurs qui se désengagent », note Henri Massiot.
Une conséquence plutôt négative à laquelle on peut ajouter la diminution du Prêt à taux zéro (PTZ). De quoi faire naître « des inquiétudes pour 2019 », avance le président de la FFB 85. Ce dernier estime la modification de la loi Pinel comme une « aberration », celle « d’avoir favorisé les grandes métropoles alors qu’il faut cibler sur les villes moyennes ».
Pour se faire entendre, les professionnels du bâtiment doivent faire preuve d’ingéniosité, par exemple en défendant des zonages de projets « qui seraient plus ciblés sur un territoire et qui rendraient ces zones éligibles ». L’idée est émise, reste aux politiques d’agir… « mais, actuellement, le gouvernement est dans le jaune ! On espère malgré tout être entendus », conclut Henri Massiot qui, au passage, ne cache pas sa déception de n’avoir vu aucun parlementaire lors de leur assemblée générale en décembre, « surtout quand on sait que c’est le bâtiment qui tire notre économie »…