A l'échelle nationale, la capacité d'achat immobilier des ménages s'est maintenue malgré une conjoncture économique de plus en plus dégradée ces six dernières années.
La crise n’a pas vraiment érodé le pouvoir d’achat immobilier des ménages en France, excepté à Paris, devenu aujourd’hui inaccessible aux jeunes acheteurs, pour qui Nancy, Strasbourg, Rennes ou encore Toulouse constituent un bien meilleur pari.
- A Paris
Selon une étude portant sur la période 2007/2012, publiée par l’université Paris-Dauphine et le Crédit Foncier, seuls 18 % des ménages franciliens âgés de 25 à 45 ans étaient à la fin de l’année dernière en mesure d’acheter un bien immobilier correspondant à leurs besoins à Paris. La proportion atteignait 47 % pour les ménages âgés de 45 à 60 ans et 55 % pour les plus de 60 ans.
« Les prix ont flambé de 42 % en six ans dans la capitale, ce qui a diminué la capacité d’achat des ménages », explique Nicolas Pécourt, directeur de la communication du Crédit Foncier.
- En province
Cet « écart générationnel » est moindre en province, selon l’étude, qui révèle que les villes les plus accessibles pour les 25 à 45 ans sont Nancy (71 % des ménages de cette tranche d’âge peuvent acheter le logement qu’il leur faut, et 41 % des primo-accédants), Strasbourg (67 % et 37 %), Rennes (63,2 % et 30 %) et Toulouse (60,9 % et 34 %).
A l’échelle nationale (hors Paris), la capacité d’achat immobilier des ménages s’est en revanche maintenue malgré une conjoncture économique de plus en plus dégradée ces six dernières années. Car la baisse des taux d’intérêt immobiliers, tombés à un plus bas historique – au-dessous de 3 % à 20 ans – a permis à nombre de familles de concrétiser leur projet.
« La baisse des prix immobiliers dans certaines villes et le net recul des taux d’intérêt ont eu un impact positif significativement supérieur à l’effet négatif de la hausse du chômage ou la baisse du patrimoine des ménages hors immobilier », explique M. Pécourt. « Nous nous attendions à une baisse significative du pouvoir d’achat sur la période. Nous avons été surpris », dit-il.
- Les primo-accédants de plus en plus pénalisés
Environ un ménage sur deux (54,7 %) fin 2012, une proportion équivalente à début 2007 (55,5 %) était ainsi en capacité d’acheter un logement correspondant à ses besoins en Ile-de-France, et environ six sur dix en province (61,7 % fin 2012 contre 61,9 % début 2007). La proportion était d’un sur trois (34,1 %) à Paris.
Autre enseignement de l’étude, sur la période 2007-2012, la hausse des prix de l’immobilier a favorisé ceux qui étaient déjà propriétaires de leur résidence principale : la valeur de leur patrimoine a mécaniquement progressé, facilitant leur acquisition d’un nouveau logement.
« Cela a accru l’écart entre les primo et les secundo-accédants. Ceux qui n’étaient pas déjà entrés sur le marché immobilier en 2007 ont de plus en plus de mal à y entrer aujourd’hui », souligne M. Pécourt. En moyenne, la capacité d’achat immobilier des secundo-accédants – 88 % en province ; 85% en Ile-de-France hors Paris – est désormais trois fois supérieure à celle des primo-accédants – respectivement 27 % et 29 % – selon l’enquête. A Paris, elle est de 64 % pour les secundo-accédants … et seulement de 8,6 % pour les primo-accédants.
En moyenne à l’heure actuelle, six ménages sur dix (61,7 %) sont en capacité d’acheter un bien immobilier correspondant à leurs besoins dans une des dix métropoles de province étudiées, contre un sur deux (54,7 %) dans une des 19 villes d’Ile-de-France (hors Paris) et un ménage sur trois (34,1 %) à Paris. Et de 2007 à 2012, la capacité d’achat immobilier a grimpé à Toulouse (+ 6 %) à Lyon (+ 4,9%) et à Nancy (+ 3,4%), tandis qu’elle s’est érodée à Rouen (- 1,3 %), Bordeaux (- 4,9 %) et surtout à Marseille (- 14,9 %).