A Laval aussi, le marché immobilier est touché par la morosité ambiante. Les agences souffrent et certaines, en difficulté, pourraient même être contraintes à supprimer des emplois. Ou à baisser le rideau.

  • Une activité en berne

Des taux bancaires relativement bas et des prix de marché plutôt mesurés n’y suffisent pas. A Laval aussi, les agences immobilières sont en difficulté. « Celles qui vous disent que tout va bien racontent des histoires, assure un professionnel, dans l’immobilier depuis une dizaine d’années. Toutes subissent une baisse de leur chiffre d’affaires. » De fait, le nombre des transactions est en diminution sur l’ensemble de la ville. Et la fin de la crise, qui a touché le secteur dès l’année dernière, ne semble pas encore d’actualité.

  • Des agences en difficulté

La profession souffre. L’an dernier, 10 000 emplois salariés (sur un total de 80 000) ont été perdus dans la transaction immobilière au niveau national. Et, à Laval, deux agences ont baissé le rideau. Une troisième vient d’être placée en redressement judiciaire, par le tribunal de commerce. « Cette décision est liée à un conflit entre associés, assure la gérante de cette agence, créée en 1991. Elle n’est pas liée à la crise, même si cela n’a rien arrangé. » Le groupe Zambon – qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations – a, de son côté, fermé, cette année, ses agences d’Ernée et de Bonchamp.

  • Une situation tendue

De nombreux professionnels estiment que des agences pourraient mettre la clé sous la porte en début d’année prochaine. « Au niveau des transactions, le marché est très difficile », reconnaît Gilles Renaudier, de Maison blanche. « La crise est très sévère », acquiesce Brigitte Lefort-Lebrun, de l’agence du Château.

  • Une responsabilité des vendeurs

Les vendeurs ont une part de responsabilité dans cette situation « très tendue ». Soit parce qu’ils proposent leurs biens à un prix sans mesure avec la réalité du marché. Soit parce qu’ils proposent des biens qui ne répondent pas aux standards minimums de qualité. Soit, encore, qu’ils préfèrent attendre des jours meilleurs. « C’est une idiotie, estime Thierry Galodé, gérant de Réseau 53, car les acheteurs auront encore moins de marge de manoeuvre pour augmenter leur budget. La variable d’ajustement se fera sur le prix du vendeur. »

  • Une frilosité des acquéreurs

De leur côté, les acheteurs semblent faire la fine bouche. « La prise de décision est bien plus longue. Il s’écoule parfois plusieurs mois avant la signature du compromis », observe Christophe Blondel, d’ImmoMayenne. Ils sont aussi plus frileux. « Il y a très peu de maisons à la vente et les acquéreurs ne veulent pas acheter n’importe quoi par dépit », note Dominique Angot, de Saint-Louis Immo. Certains primo-accédants ont parfois des desiderata irréalistes. « Du BBC à 160 000 € à Laval, c’est impossible ! »

  • La concurrence de la vente entre particuliers

La vente de particulier à particulier porte préjudice aux professionnels. « C’est plus de 50 % du marché qui nous échappe », estime Julien Jeanneau, d’Immoweb. Les agents immobiliers mettent en garde : « Vendeurs et acquéreurs ne font pas forcément une bonne affaire : ils ne connaissent pas le marché. Les prix, affichés sur nos vitrines, ne sont pas le prix vendu. » Les professionnels estiment que les vendeurs qui se passent de leurs services prennent un risque : ils ne connaissent pas la solvabilité des acquéreurs potentiels, l’honnêteté des visiteurs… « Faire rentrer des inconnus chez soi, à l’heure où l’on assiste à une recrudescence des cambriolages, peut être risqué », souligne Christophe Blondel.

  • Une réforme fiscale pas favorable

La fiscalité est un réel frein à l’achat et un frein à la vente. A Laval, les impôts fonciers sont élevés. Et les récentes réformes fiscales sont loin d’être incitatives. Les propriétaires, qui avaient investi sur dix ans dans le locatif pour défiscaliser, sont aujourd’hui taxés à 34,5 % sur la plus-value. Et côté acquéreurs, le prêt à taux zéro pour les primo-accédants a été supprimé, alors que, dans le même temps, les banques ont resserré les conditions d’octroi du crédit.

  • Un avenir incertain

L’avenir de la profession reste très « compliqué ». La majorité des agents immobiliers contactés estime que le volume des ventes va se restreindre. Un point de vue que ne partage pas Thierry Galodé. Son agence a vu filer tous ses commerciaux au printemps, dont l’un dans le cadre d’un licenciement économique. Pour lui, « ce n’est pas le marché qui pose problème, ce sont les collaborateurs ». La pénurie de logements, évoquée par certains, serait même un faux problème : « Il y a et il y aura toujours des successions, des mutations, des divorces… Quand le marché est plus compliqué, il faut s’adapter, se bouger. » Et d’aucuns pensent que la crise pourrait même « assainir le marché », en faisant le tri parmi les professionnels…

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