Ancien terrain militaire métamorphosé en eco-quartier à Rennes, site de tanneries à Strasbourg transformé en logements écologiques, halles industrielles réaménagées en appartements sociaux à Lille : la reconversion des friches urbaines polluées a le vent en poupe.

Présentés lors d’un colloque de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ces chantiers de réhabilitation au coeur des villes visent à contrecarrer l’étalement urbain, tout en développant de nouvelles formes d’habitat plus respectueuses de l’environnement.

« A La Courrouze, près de Rennes, il y avait 120 hectares de site militaire abandonné depuis près de 60 ans et nous avions la volonté d’inscrire notre projet de réaménagement dans une démarche de développement durable« , a souligné Eric Beaugé, chef de ce projet initié en 2003 par Rennes Métropole, déjà engagé pour plus d’un tiers.

Douze cibles sont privilégiées, incluant renouvellement urbain, mixité sociale et intergénérationnelle, diversification des modes de transports (en commun ou doux comme le vélo), gestion des déchets et des nuisances sonores.

En réfléchissant à une autonomie de ressources, les concepteurs ont fait d’une pierre deux coups. D’un côté il y avait 10.000 tonnes de terre polluée aux métaux lourds sur le vieux terrain militaire, de l’autre, la rocade avoisinante provoquait une pollution sonore pour le projet d’éco-quartier : ainsi, les terres polluées ont été utilisées pour ériger un belvédère végétalisé servant d’écran anti-bruit, a précise M. Beaugé.

Bilan carbone catastrophique

« S’il avait fallu évacuer cette terre pour la stocker ailleurs, rien que le bilan carbone aurait été catastrophique », a-t-il fait valoir.

Le chantier des 90 hectares de ville nouvelle avec logements, bureaux et transports propres a démarré en 2008 « au pire moment de la crise économique. Mais on s’est félicité d’avoir bien imaginé la dimension économique à ce moment-là », a-t-il confié. Les bâtiments prévus répondent aux exigences de la basse consommation énergétique, la priorité est donnée aux énergies renouvelables, les climatiseurs sont bannis au profit de systèmes de ventilation naturelle.

A Lyz-lez-Lannoy, près de Lille, les anciennes halles de l’usine Stein, rachetée par Alstom, truffées d’amiante, s’étalent sur 5 hectares en centre ville. « Après la vague de licenciements lors de la fermeture en 2003, il y avait un besoin d’activités industrielles mais aussi d’activités tertiaires, de commerce et de loisirs », a souligné Alexandra Huvenne, directrice des programmes de la société immobilière Nacarat, partenaire du projet avec les collectivités locales depuis 2008.

L’une des halles a été conservée, son dallage isolé pour y établir une société fabricant des panneaux de bois pour les chantiers de logements et bureaux alentours.

Au nom de la maîtrise des coûts, les opérations de dépollution ont été limitées. « On va éviter au maximum de remuer les terres. Aucun parking en sous-sol n’est prévu ni aucun logement en rez-de-chaussée », selon Mme Huvenne.

Ces servitudes pour les constructeurs s’accompagneront pour les futurs habitants d’une interdiction de créer des jardins ou de creuser pour puiser dans la nappe phréatique. « Les futurs locataires ne semblent pas s’en inquiéter », a-t-elle souligné.

&#9658, A Lingolsheim, près de Strasbourg, la facture de dépollution des sols gorgés de métaux lourds de l’ancienne tannerie s’est élevée à 7 millions d’euros sur un budget total de 20 millions. Les terres excavées seront réutilisées sur le site de cet éco-quartier pour de nouveaux espaces verts avec un avertissement prévu pour le public.

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