Ce type d'habitat séduit de plus en plus. Visite de La Petite Maison, à Rennes, où quatre familles partagent jardin, terrasse, buanderie.

Reportage

Au fin fond d’une impasse, près du stade de la Route de Lorient, à Rennes, un véritable havre de paix : végétation luxuriante, maisons à dominante bois, ambiance feutrée. Bienvenue à La Petite Maison, un des premiers habitats groupés autogérés de France, construit à la fin des années 1980. Quatre familles vivent ici : Anne et Jean-Philippe et leurs deux enfants , Elisabeth et Bernard, à la retraite , Jean-Jacques et Sophie, architectes et Pierre-Yves. « Un cadre de vie intergénérationnel » précisent-ils.

Le concept de ce type d’habitat solidaire semble répondre à la flambée du prix des logements. « Il s’agit de replacer les habitants au coeur de leur projet de logement, explique Matthieu Theurier, de l’association Rennaise Parasol, qui a pour mission d’accompagner les volontaires dans leurs démarches. Après avoir déterminé les besoins du groupe, on cherche à réduire les coûts de construction tout en respectant l’environnement, en partenariat avec un promoteur et un architecte. Les habitants partagent alors des pièces communes, qu’ils auront choisies ensemble. »

A La Petite Maison, les familles partagent, sur les 900 m² au total, un garage, un jardin et ses jeux d’extérieurs, une terrasse sur laquelle trône la dernière acquisition des quatre familles : une table de ping-pong. Mais aussi une salle de réception, appelée Le Café Gilbert, une buanderie et un studio d’environ 10 m² pour les amis de passage.

Un art de vivre

Mais plus qu’une volonté de réaliser des économies, l’habitat groupé répond à un véritable choix de vie. Voire même un art de vivre. « C’est avant tout un facteur de rencontre » explique Anne. « Nous ne sommes plus jamais seuls », surenchérit sa fille Rose, 11 ans. « Il règne un sentiment de sécurité, les personnes âgées et les enfants sont toujours entourés. Nous avons instauré un rapport de confiance« , raconte Pierre-Yves.

Néanmoins, cette expérience ne s’adresse pas à tous. « Elle requiert de la souplesse de caractère, un esprit de bienveillance, tempère Élisabeth. Du fait de la promiscuité, nous sommes tous soumis au regard de l’autre. »

Une coopérative d’habitants

Ainsi, dans l’intérêt général, les habitants de La Petite Maison arborent, depuis le début, deux règles tacites : « se préserver les uns les autres et parler lorsqu’il y a un problème », précise Pierre-Yves. Rien d’autre. « Tout n’est pas normé ! C’est un fonctionnement à géométrie variable, sur la base du volontariat« , insiste-t-il. Si les taches au quotidien comme la tonte de la pelouse ou l’arrosage des plantes relèvent du bon sens de chacun, la gestion des factures communes est néanmoins beaucoup plus cadrée. « C’est hyper réglo, sourit Pierre-Yves. Nous avons créé une coopérative d’habitants où il y a un président, un secrétaire et un trésorier pour régler ces taches administratives relatives aux charges communes. »

Statut juridique flou

Seul hic : le statut juridique de l’habitat groupé est encore assez flou. La coopérative d’habitants n’a pas d’existence juridique propre. « Les statuts actuels ne répondent pas à la demande. On essaye donc de faire au mieux… Mais on garde espoir : les députés se sont emparés du sujet lors du vote du projet de Loi Boutin« , explique Philippe Yven du réseau Cohérence. Les résidents de La Petite Maison, sont réunis sous la forme d’une Société Civile Coopérative de Construction (S3C), c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fait de l’habitat groupé une propriété privée. Chacun est donc propriétaire de son lot et détient des parts des parties communes.

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