À l'occasion de la journée internationale des droits de femmes, Ouest France Immo a souhaité aborder la question la parité dans le secteur de l'immobilier. En nous appuyant sur les résultats de la première étude de l'Observatoire de la Charte de la Parité dans l'Immobilier, faisons le point sur la situation.
Une Charte et un Observatoire pour faire avancer l’égalité
La parité dans le monde du travail n’est pas un nouveau sujet.
Pour faire avancer les choses dans le secteur de l’immobilier, une Charte d’engagement en faveur de la parité et de l’égalité professionnelle femmes-hommes à l’initiative du Cercle des Femmes dans l’Immobilier avait été cosigné en décembre 2021 par 120 entreprises et organisation du secteur. Cette charte repose sur l’analyse approfondie des pratiques de la filière immobilière en matière de recrutement et de fidélisation des talents.
Au mois de mars suivant, toujours à la même initiative, un Observatoire de la Charte de la Parité dans l’Immobilier avait été créé, dans le but d’évaluer régulièrement le niveau de parité chez les cosignataires et de constater les évolutions dans le secteur.
Les résultats de la première étude annuelle menée par l’IEIF, le centre d’études, de recherche et de prospective indépendant spécialisé en immobilier, montrent quelques points positifs en matière d’égalité hommes/femmes. Cependant, les résultats restent mitigés.
Des résultats en demi-teinte
En s’engageant par le biais de cette charte, le secteur immobilier a souhaité se mobiliser afin de faire évoluer la problématique de l’égalité hommes/femmes dans son secteur.
Selon Isabelle Rossignol, présidente de l’Observatoire de la Charte de la Parité dans l’Immobilier, « La bonne nouvelle, c’est que cet état des lieux est notre base zéro. Gageons que la signature de la Charte va faire avancer les choses plus vite au sein des organisations qui s’en emparent ! ».
Dans ce premier état des lieux, l’IEIF constate que le personnel du secteur est majoritairement féminin, avec 51,7 % de salariées femmes dans les 87 organisations cosignataires sondées. Ce résultat est légèrement supérieur à la moyenne française qui est de 50 %, tous secteurs confondus. Si ce résultat est plutôt positif, c’est moins le cas lorsque l’on se tourne du côté des directions.
En effet, au sein des Comex-Codir (Comité exécutif et Comité de direction, chargés de la vision stratégique de l’entreprise) on dénombre en moyenne 3 femmes pour 5,5 hommes. En outre, 26 % des entreprises interrogées ne comptent aucune femme au sein de leurs instances dirigeantes.
« L’accès aux postes de Direction (notamment dans les grandes entreprises) et aux plus hautes rémunérations est encore loin de la parité. », rapporte Stéphanie Galiegue, Directrice Générale déléguée en charge de la recherche et des études chez IEIF.
Effectivement, côté salaire, les femmes ont encore des difficultés à se hisser dans le top 10 des rémunérations dans les entreprises. On compte en moyenne que 3,4 femmes dans ces top 10, et cela descend même à moins de 3 femmes pour certains métiers comme ceux de la promotion immobilière.
« Il reste encore des difficultés à assumer de consacrer des ressources clairement dédiées aux femmes et à se fixer des objectifs chiffrés, publiés et qui engagent les managers », analyse Stéphanie Galiegue.
Bien que l’indice Pénicaud moyen pour l’égalité professionnelle dans le secteur immobilier soit légèrement inférieur à la moyenne nationale avec une valeur de 84 contre 85 en moyenne, les résultats de l’étude indiquent tout de même que les acteurs du secteur prennent conscience de cette problématique.
Mis en place depuis 2019, l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, aussi appelé « Index Pénicaud », permet de mesurer les inégalités salariales au sein des entreprises d’au moins 50 salariés. L’indice est calculé selon cinq critères pour donner une note totale sur 100. Chaque année, les entreprises doivent publier de manière visible et lisible, sur le site de l’entreprise, les résultats obtenus au plus tard le 1er mars. En cas de note inférieure à 75 points, l’entreprise a l’Obligation de publier les mesures correctives. En cas de note inférieure à 85 points, l’entreprise a l’Obligation de fixer et de publier des objectifs de progression.
L’obtention de la note de 84 pour le secteur de l’immobilier n’est donc pas mauvaise, mais elle montre que des progrès sont encore à réaliser.
Il reste encore du chemin à parcourir. Mais si l’évolution est lente, elle existe néanmoins et semble aller dans le bon sens.