L'immobilier londonien, qui flambe depuis des années, craint une douche froide post-Brexit, et certains professionnels constatent déjà quelques signes de ralentissement.

Après s’être effondré en 2008 sous le coup de la crise financière mondiale, le secteur de la pierre a engagé une reprise d’abord précaire, qui s’est franchement accélérée à partir de 2013. A Londres, les prix moyens dépassent désormais de 54% ceux du pic d’avant la crise.

Tout a concouru ces dernières années à ce boom immobilier : l’empressement des classes supérieures britanniques à placer leurs revenus dans la pierre, l’explosion démographique de Londres, ou encore l’ardeur de magnats pétroliers du Golfe et de milliardaires russes à y investir leur fortune.

Mais l’édifice, qui donnait déjà quelques signes de fragilité ces derniers mois, tremble sous les coups de bélier du Brexit et de son lot d’incertitudes. « L’activité du marché de l’immobilier et les prix risquent désormais un retournement marqué après le vote britannique de quitter l’UE », prévient Howard Archer, analyste chez IHS.

Il souligne que cette sortie, dont les contours doivent être précisés, devrait peser sur la croissance et la confiance des consommateurs, et évoque aussi une hausse prévisible du chômage et une contraction du pouvoir d’achat des ménages. Autant de facteurs qui devraient freiner les acheteurs.

IHS prévoit une baisse de 5% des prix immobiliers au Royaume-Uni lors du seul second semestre, et de 5 à 7% supplémentaire en 2017.

D’autres analystes sont plus prudents, jugeant prématuré d’évaluer l’impact immobilier d’une mauvaise passe économique post-Brexit à l’ampleur encore inconnue.

Certains professionnels du secteur de la capitale voient déjà les acheteurs hésiter, dans le climat anxiogène de l’après-référendum. « Les gens sont à tout le moins prudents, ils vont prendre leur temps, le marché va être beaucoup plus calme » dans les mois à venir, prévoit Ibby Aziz du cabinet de notaires Unsworth Rose, basé dans le quartier chic londonien de Primrose Hill, à deux pas de Regent’s Park.

Des acheteurs qui avaient conclu une transaction de principe avant le référendum reviennent maintenant pour demander un rabais de 20%. Les vendeurs concernés, à moins d’être pris à la gorge, ne sont plus prêts à vendre dans ces conditions. L’anecdote illustre le chemin cahoteux que risque de connaître le secteur, raconte le notaire.

Une des plus grandes banques de Singapour, United Overseas Bank (UOB), a même indiqué qu’elle suspendait pour le moment l’octroi de crédits pour des transactions immobilières dans la capitale britannique. « Compte tenu des incertitudes, nous devons nous assurer de la prudence de nos clients concernant leurs investissements dans l’immobilier à Londres », a-t-elle expliqué.

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