38m, 11 étages, 146 logement, la particularité de cet immeuble Strasbourgeois ? Il est en BOIS, et c'est une première en France.
À Strasbourg, Sensations, l’immeuble 100 % bois le plus haut de France, culmine à 38 m. Achevée au printemps, après six ans d’études, cette tour exemplaire de 146 logements « devrait faire sauter les derniers verrous de la construction bois », estime Christophe Ouhayoun, architecte de l’agence parisienne Koz.
Risques d’incendie, parasites du bois en milieu humide, normes sismiques… Christophe Ouhayoun a défendu férocement son bâtiment : « Nous avons construit en taille réelle et fait brûler trois niveaux de façade. Ça nous a coûté un bras. Mais c’était la seule façon de convaincre ! »
La France en retard
Pour ce militant du bois depuis vingt ans, pouvoirs publics et investisseurs sont « sous l’influence du puissant lobby du béton. Il a retardé l’essor de ce matériau renouvelable et à disposition dans les forêts françaises ». Notamment en rachetant les PME innovantes, afin de maîtriser la concurrence.
La France a pris du retard sur la formation des personnels et la maîtrise du bois pour le bâtiment. Après quatre années de chute, le secteur a réalisé 1,9 milliard de chiffre d’affaires en 2018 et retrouvé son niveau de 2014.
Eiffage et Bouygues, qui ont rejoint Koz et la PME Altibois sur le projet de Strasbourg, prennent le train en marche. Les projets de collectifs fleurissent. La filière s’organise, met en place formations et normes.
« Le bois n’est pas seulement un matériau magique pour l’habitat. Il permet de construire décarboné. C’est fondamental pour la planète », assure Christophe Ouhayoun. Il planche actuellement sur le village olympique 2024, que la maire de Paris, Anne Hidalgo, souhaite « exemplaire » pour répondre au défi climatique.
Source : Christelle GUIBERT // QUOTIDIEN OUEST-FRANCE, ÉDITION FRANCE