Le phénomène est national, durable et il s'aggrave: les fermetures de commerces se multiplient dans les centres-villes. Les petites et moyennes communes sont les plus touchées.

De moins en moins de commerces dans les centres-villes. La tendance est bel et bien là. Et elle inquiète. Selon les calculs de Procos, la fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé, de plus en plus de commerces sont vacants. « En 2000, quatre-vingt-dix villes se trouvaient dans une situation très favorable, avec un taux de vacance commerciale inférieur à 5 %. Dix ans après, elles ne sont plus que la moitié, quarante-sept exactement », s’inquiète Pascal Madry, le directeur de Procos. Dans une cinquantaine de villes, ce « taux de vacance » (proportion de boutiques vides sur le nombre total de magasins) dépasse les 10 %.

  • L’Ouest n’est pas épargné

Lorient, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire. C’est le trio des villes les plus touchées dans l’Ouest. « C’est effrayant, mais la présence de commerces est directement liée à la richesse du territoire », explique Pascal Madry.

Dans les années 2000, les maires de ces villes, anciennement industrielles, ont voulu compenser la perte de l’emploi par le tertiaire, pour réemployer des anciens ouvriers. « On s’aperçoit, dix ans après, qu’on avait juste gagné un peu de temps. » Mais le phénomène n’affecte pas toutes les villes. Les grandes agglomérations (de plus de 500 000 habitants) sont moins touchées et certaines ont même vu leur vacance décroître.

  • Pourquoi les commerces ferment-ils ?

Depuis les années 1980, les petites villes représentent un Eldorado pour la grande distribution. Les supermarchés avec galeries marchandes se sont multipliés en périphérie. Une concurrence directe pour les commerçants des centres-villes. Outre le développement des enseignes nationales, la flambée des loyers en centre-ville pénalise les commerçants.

  • Les maires désemparés

« Les habitants font pression sur les maires pour avoir des commerces de proximité. Ils ont besoin d’un coiffeur, d’un poissonnier, d’un cordonnier, etc. », s’inquiète Charles Melcer, le président de la Confédération des commerçants de France. C’est le cas à Alençon. Un « manager de ville » a même été engagé pour tenter de redynanimser le centre. « Il faut créer une unité entre commerçants du coeur et de la périphérie, créer le «grand magasin d’Alençon», pour donner envie aux consommateurs d’aller acheter dans le centre-ville », explique Jean-Claude Davis, premier adjoint au maire, délégué au commerce.

  • L’accélération

Depuis un an, l’accélération est foudroyante. L’étude complémentaire effectuée par Procos sur cinq villes, dont Lorient, le confirme : les taux de vacance sont en hausse. Pour Pascal Madry, « la crise économique n’est pas le déclencheur, mais plutôt le révélateur d’un système de consommation qui s’effondre ».

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