Certaines grandes communes ont la possibilité de fixer une taxe d'habitation surévaluée de 60 %. En ligne de mire, les logements Airbnb, mais les vrais résidents secondaires font grise mine.
Dans certaines communes, la facture s’alourdit pour les résidences secondaires. Les propriétaires devaient déjà payer la taxe d’habitation majorée de 1 % à 15 %, selon les communes. Une surtaxe peut également être actionnée par les municipalités avec de plus en plus de liberté.
Paris a obtenu de passer à 60 %
Confrontée à l’inflation des résidences secondaires louées par les plateformes Internet type Airbnb, la Ville de Paris, en déficit de logements, avait obtenu en 2015 que son taux maximal passe de 5 % à 20 %, possibilité utilisée depuis par une centaine de communes. Fin 2016, elle a milité avec succès auprès du gouvernement pour que ce taux passe à 60 %.
3 % des communes concernées
Une dizaine de communes auraient cette fois-ci saisi cette possibilité qui est ouverte uniquement dans les zones tendues de plus de 50 000 habitants en déficit de logements, c’est-à-dire 3 % des communes. Parfois pour contrer les logements Airbnb. Plus souvent pour compenser la baisse des dotations de l’État. Nice a voté cette hausse à l’unanimité. Bordeaux va voter lundi prochain. Toulouse y réfléchirait. Paris et Montreuil-sous-Bois ont déjà opté pour le maximum.
700 000 € pour Saint-Jean-de-Luz
Au Pays basque, Saint-Jean-de-Luz a fait voter l’an dernier un doublement de la taxe, à 40 %. « Le logement est soumis à des effets spéculatifs, explique Jean-François Irigoyen (LR), qui a été élu maire en décembre. Les jeunes d’ici ont des problèmes pour se loger. Il ne faut pas cacher que, vu la baisse des dotations de l’État, ça permet de compenser. » L’augmentation a apporté 450 000 € à un budget de 25 millions d’euros. Ce sera plus 700 000 € désormais. En l’occurrence, elle vise moins les résidents secondaires qui louent par Airbnb que les résidents secondaires classiques.
Pas d’impact sur l’immobilier
« Chez nous, à Saint-Jean-de-Luz, ils viennent de Paris, Bordeaux ou Toulouse. Ils seront là pour le carnaval. En général, ils ne louent pas. Nous aurions pu passer à 60 %, mais il ne faut pas que ce soit confiscatoire. Cela représentera 140 € par an par résident. » Depuis que la commune a passé à 20 % le taux de la taxe additionnelle, le nombre de résidences secondaires a régressé de 3,5 %. « Mais cela n’a pas détendu les prix de l’immobilier, reconnaît Jean-François Irigoyen. Je pense que cela n’aura pas d’impact. »
Reste que la taxe additionnelle est condamnée par la disparition de la taxe d’habitation en 2021. Selon Les Échos, Paris et Bordeaux veulent obtenir du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, qu’il fusionne dans la prochaine loi logement ou dans le prochain budget les taxes résidences secondaires et logements vacants.