Les modules métalliques produits en usine permettent de construire maisons et appartements plus vite pour un confort équivalent. Et demain, ce pourrait être moins cher... Mais il faut faire le deuil de la pierre.

La crise du logement n’en finit pas de fournir aux gouvernements des « priorités nationales ». Le récent plan logement réaffirme l’objectif de construire 500 000 logements par an.

On en est très loin (moins de 300 000 attendus cette année) et l’inflation des normes complique la tâche des aménageurs. Il faut également compter avec des délais de construction d’au moins dix-huit mois.

Dans ce contexte, l’habitat modulaire a quelques atouts à faire valoir. Il ne s’agit plus des préfabriqués d’autrefois, dont la mauvaise réputation nuit encore à l’image du secteur. Mais des modules à structure métallique (ou bois), de 3 m ou 3,50 m de large, qui s’assemblent à volonté, pour donner des architectures tout à fait convaincantes.

D’autant que la structure métallique permet de s’affranchir des murs porteurs. On peut dessiner des ouvertures sans restrictions. La vêture (mur et isolant), le couvert (pan incliné, toit terrasse, toit végétalisé…) et l’habillage intérieur, leur donnent un aspect en tous points comparable à celui des habitations classiques.

La formule a l’avantage d’être plus rapide. Elle évite les mauvaises surprises car le standard industrialisé est dupliqué avec moins de risques de malfaçons. Et elle pourrait donner du travail à des usines automobiles reconverties dans le modulaire. 900 € le mètre carré C’est en tout cas ce qu’imagine l’Union nationale de la propriété immobilière (Unpi) qui avait jeté un pavé dans la mare, en septembre dernier. Sa proposition de régler la crise du logement par l’« habitat essentiel » s’appuyait sur les constructions modulaires mais tablait également sur un allégement des normes. « On pourrait éviter de mettre des ascenseurs dans les petits immeubles, estime par exemple Jean Ferrando (Unpi). Des logements du rez-de-chaussée pourraient être réservés aux handicapés. »

L’Unpi s’était attirée une protestation immédiate des ascensoristes et des associations de défense des personnes handicapées.

Mais avec cette proposition, l’Unpi affirme qu’on pourrait abaisser les coûts à 900 € le mètre carré au lieu d’au moins 1 300 € actuellement. « C’est relativement facile à atteindre. »

Chez Yves-Cougnaud, la principale entreprise française à produire des modules d’habitation, on regarde ce chiffre avec circonspection. « Actuellement, on est plutôt à 1 100 € le mètre carré. » Il est vrai que l’entreprise respecte les normes d’accessibilité et équipe d’ascenseurs les immeubles qu’elle construit (jusqu’à R + 3).

Pour autant, l’Unpi ne désespère pas. Son initiative lui a valu de nombreux contacts avec les entreprises, les élus et le ministère du Logement qui regarde le dossier de près. Et même avec deux grands groupes de l’immobilier. À une autre échelle. « Ils nous disent qu’il leur faut dix mille unités pour avoir des prix vraiment abaissés », rapporte Jean Ferrando. Le logement serait alors plus accessible mais sans doute aussi plus standardisé.

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