Souvent, le foncier plombe le prix des logements. Un nouveau dispositif permettra d’accéder à la propriété en n’achetant que les murs et en louant le terrain 60 centimes le m², par mois.
C’est quoi le bail réel solidaire ?
C’est entre la location et la propriété classique. Le Département et l’Établissement foncier solidaire (EFS) viennent de créer le dispositif Vendée Foncier solidaire (VFS) pour les jeunes ménages aux revenus modestes.
Il permet, par la signature d’un bail réel solidaire, de dissocier le foncier du bâti. « Souvent, dans les zones tendues, le prix du foncier peut représenter jusqu’à un tiers du coût du logement », observe Yves Auvinet, président du Département.
Les ménages pourront donc acheter les murs… et louer le terrain jusqu’à 99 ans à Vendée Foncier solidaire. L’objectif ? Faire baisser le prix des logements.
Quelle différence de prix avec l’accès à la propriété classique ?
« Une maison de 85 m² qui coûte 255 000 € en zone tendue, par exemple, va coûter 100 000 € de moins avec le dispositif, puisqu’on retire le foncier », explique Guillaume Jean, directeur de VFS. Une redevance mensuelle sera demandée aux ménages par Vendée Foncier solidaire pour l’occupation du terrain. « Elle sera plafonnée à 0,60 € par m² », poursuit-il. En cas de revente, le prix du terrain est encadré « pour l’empêcher qu’il ne flambe à long terme. »
Quel est le contexte ?
Beaucoup de communes n’arrivent pas à loger les habitants aux revenus modestes ou les nouveaux arrivants. Pour les élus, la problématique immobilière s’apparente à la quadrature du cercle. Étendre les constructions à la périphérie des villes ? « Non, car le département est déjà artificialisé à 12,7 % », commente Yves Auvinet. Laisser les prix flamber ? Sur certains territoires, cela entraîne le départ de jeunes.
Le président du Département prend un exemple flagrant : « La part de primo-accédant est de 60 % dans l’est vendéen contre 13 % sur l’île de Noirmoutier. » Et le prix moyen du m² augmente avec de fortes disparités. « Il est déjà passé de 56 à 87 € en dix ans. Aujourd’hui, aux Sables d’Olonne, il est de 250 € le m², 94 € dans le Pays yonnais, et 40 € dans le Sud », observe Yves Auvinet. Quant à l’espoir d’une stagnation de la demande, les prévisions de l’Insee l’anéantissent. On attend, en Vendée, 120 000 habitants de plus d’ici 2040.
Sera-t-il proposé partout ?
Non, seulement en zones tendues. « Les propriétaires pourront acheter des logements neufs, surtout sur le littoral et à Challans dans un premier temps », indique Guillaume Jean. Pour l’heure, le Département met 300 000 € sur la table et l’Établissement foncier solidaire va « utiliser des emprunts à la Caisse des dépôts pour lancer la mécanique ».
Petit à petit, les collectivités et partenaires privés sont invités à venir étoffer les rangs. L’EFS va « acheter du foncier de façon progressive, toujours dans les zones tendues », ajoute Valentin Josse, président de l’établissement. Il vise un rythme de 50 nouveaux logements par an d’ici cinq ans.
Ce dispositif existe-t-il ailleurs ?
Oui, à Rennes et Lille notamment, où il est proposé à l’échelle de l’agglomération. « Mais c’est la première fois qu’un organisme, sous forme d’un groupement d’intérêt public (GIP), est créé en France à l’échelle d’un département », s’enthousiasme Yves Auvinet.
Les porteurs de ce projet veulent d’ailleurs se donner le temps. « On espère une première remise de clés en 2020 », indique Guillaume Jean. Il reconnaît une vraie incertitude sur « la capacité des Vendéens à se projeter dans un dispositif différent ». Sur le territoire, l’attachement à la pierre est très fort.