« Injuste », c'est la critique la plus formulée contre la décision de baisser de 5 € le montant des aides au logement. « Il manque 150 millions d'euros », se défend le gouvernement.
Une pluie de critiques
L’annonce par le gouvernement de baisser les aides au logement de 5 € par mois, à partir d’octobre, n’en finit pas de susciter des critiques. « Injuste », disent la plupart de ses détracteurs, certains parmi les rangs de La République en marche. Parce qu’elle touche la totalité des bénéficiaires (plus de 6 millions) sans aucune distinction, cette baisse fragilisera d’abord les foyers les plus modestes (voir infographie). « 60 % de l’aide au logement va à des personnes sous le seuil de pauvreté », dit dans Le Monde le député socialiste François Pupponi, soutien d’Emmanuel Macron. Rapporteur en 2015 d’un groupe de travail sur la question, il voit dans cette décision de baisser ces aides une « bourde de Bercy ».
Les arguments du gouvernement
Porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner a évoqué une « urgence » à combler un trou dans le budget de l’État de « 150 millions d’euros » et rappelé une réforme décidée sous le quinquennat précédent, mais qui n’a jamais été appliquée.
Alors même que certains membres de l’ancien gouvernement s’en défendaient, BFM TV a publié, hier soir, un document daté du 25 juillet 2016 et signé de Manuel Valls, qui prévoyait bel et bien une baisse des allocations.
C’est quoi les aides au logement ?
Elles se déclinent de trois manières. Les fameuses aides personnalisées au logement (APL) s’adressent aux locataires d’un logement conventionné et sont soumises à des conditions de ressources. Elle compte 800 000 étudiants parmi ses bénéficiaires. L’allocation de logement familiale (ALF) vise à permettre aux familles modestes de se loger. Enfin, l’allocation de logement sociale (ALS) s’adresse aux foyers modestes sans enfant.
Quelles sont leurs limites ?
Les aides au logement sont régulièrement critiquées pour leur inefficacité, notamment par la Cour des comptes, alors qu’elles coûtent cher : 18 milliards d’euros, dont plus de 80 % à la charge de l’État.
Selon plusieurs études, « une partie importante des aides au logement, comprise entre 70 et 100 %, serait capturée par les bailleurs sous la forme de loyers plus élevés », indiquait en 2015 le Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap). Un phénomène accentué par le fait que la demande de logements est supérieure à l’offre.
Quelles mesures avait prises l’ancien gouvernement ?
En 2016, deux mesures ont été prises pour adoucir le caractère inégalitaire de l’aide personnalisée au logement (APL) et faire des économies. Cette aide a été supprimée pour les étudiants dont les parents payaient l’impôt de solidarité sur la fortune. Et en plus des ressources, la valeur du patrimoine (immeuble, livret A, etc.) est désormais prise en compte, quand elle est supérieure à 30 000 €, pour le calcul de l’aide. Enfin, si le montant du loyer est estimé excessif, l’aide au logement peut être supprimée.
Pour couper court aux critiques, Christophe Castaner a annoncé une « remise à plat » de la politique du logement « avant la fin de l’année ».