Tombé en désuétude depuis des années, le viager revient au goût du jour en France, notamment en raison des prix élevés de l'immobilier.
Pour beaucoup de Français, Le viager n’est une aimable comédie, maintes fois retransmise à la télé, mettant aux prises Michel Serrault et Michel Galabru. Mais qui décrit bien le principe de la transaction : un vendeur, âgé, transfère la propriété de son logement (en gardant le droit d’y vivre) à un acheteur qui lui verse une somme fixe, ainsi qu’une rente que le vendeur touchera jusqu’à son décès.
On pensait la pratique en voie d’extinction. Eh bien non ! Pour le notaire lyonnais Pierre Bazaille, « on est passé de quelques centaines à environ 8 000 transactions par an ces dernières années ».
« Un complément financier non négligeable »
Une tendance qui, pour lui, va se poursuivre : « Vu le financement de plus en plus incertain des retraites, la rente viagère représente un complément financier non négligeable pour de nombreuses personnes âgées. » D’autant que la fiscalité qui l’accompagne est plutôt douce et que la rente viagère est indexée sur l’inflation…
Certes, avec la hausse des prix de l’immobilier, ces personnes âgées se sont constitué une jolie cagnotte : selon l’Insee, leur patrimoine immobilier global est estimé à 700 milliards d’euros environ.
Mais, pour Corinne Griffon, membre du Conseil économique et social, « ces retraités ne sont pas riches pour autant. Ils ne disposent pas souvent des revenus qui accompagnent leurs actifs immobiliers. Il est donc logique qu’ils se tournent vers le viager« . La preuve : de plus en plus d’agences immobilières se spécialisent dans ce type de contrat. « La pratique a profondément évolué. Les vendeurs sont plus jeunes et mettent parfois leur bien en viager alors qu’ils ont à peine 60 ans, contre 70 en moyenne auparavant », constate Hélène Leraitre du cabinet France Viager.
L’État s’intéresse depuis peu à la question. Il a mis en place, en 2006, un dispositif qui permet à une personne de plus de 65 ans d’obtenir, auprès d’une banque, un prêt garanti par une hypothèque sur son bien. Mais les taux d’intérêts pratiqués (8,5 % NDLR) restent trop élevés. Le viager « classique » a donc encore de beaux jours devant lui. D’autant que ses conséquences ne sont pas toujours irrémédiables pour les héritiers.