La mérule, surnommée "le cancer du bois", est un champignon lignivore capable de causer d'importants dégâts dans les bâtiments. Fléau des bâtiments anciens, elle touche particulièrement la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire. Son identification et son traitement sont essentiels pour préserver la salubrité et la sécurité des habitations.
Qu’est-ce que la mérule ?
La mérule (Serpula lacrymans) est un champignon qui se développe dans les environnements humides, sombres et mal ventilés. Il s’agit d’un champignon à propagation rapide, dont les spores se diffusent progressivement sur les éléments en bois des habitations, notamment la charpente, mais aussi les escaliers, les cartons et même les livres.
La mérule, aussi connue sous le nom de mérule pleureuse, a la particularité de pouvoir pénétrer les matériaux poreux, comme le plâtre, et de s’accrocher aux parois en attendant que l’humidité atteigne un niveau suffisant pour favoriser son développement.
En s’attaquant aux parties boisées des logements, elle met ainsi l’intégrité du bâtiment et votre sécurité en péril.
Comment détecter sa présence ?
Dans nos régions du Grand-Ouest, nous sommes habitués à entendre parler de la mérule, ce fléau qui fait encore plus peur que le croque-mitaine. Mais avant de paniquer, sachez qu’il existe des signes vous permettant de déterminer l’éventuelle présence de mérule dans votre logement.
Parmi les signes visibles permettant de détecter la présence de mérule dans son logement ou celui que l’on s’apprête à acquérir, vous retrouvez :
- la présence d’un feutrage blanc cotonneux ou de filaments grisâtres
- des taches brune-orangées bordées de blanc
- une odeur de champignon humide
- des boiseries qui deviennent friables et qui se décomposent en cubes
De manière générale, si vous avez eu un dégât des eaux dans un endroit mal ventilé ou si le dégât des eaux a eu lieu dans un lieu inhabité depuis longtemps, il vous faudra redoubler de vigilance.
N’hésitez pas à poser des questions à ce sujet lorsque vous visitez des biens anciens et à rester attentifs à toute trace d’humidité et à l’état des boiseries, surtout dans les zones à risque.
Si votre bien n’est pas touché par la mérule, il existe de bonnes pratiques pour éviter que cela n’arrive comme d’assurer une ventilation efficace des espaces, réparer rapidement toute fuite d’eau ou infiltration, maintenir un taux d’humidité bas ou encore traiter les bois avec des produits antifongiques.
Que faire si je détecte la présence de mérule ?
Selon l’article L. 126-5 du Code de la construction et de l’habitation, toute découverte de mérule dans un immeuble doit être signalée à la mairie par le propriétaire ou l’occupant. Cette obligation vise à établir une cartographie des zones infestées.
De plus, si la mérule est présente, une intervention rapide est nécessaire.
Comment éradiquer la mérule ?
Lorsqu’une infestation de mérule est diagnostiquée dans une habitation, un traitement peut être mis en place pour l’éradiquer. Cependant, ce processus peut s’avérer coûteux et nécessiter des interventions lourdes. Les entreprises spécialisées doivent d’abord mettre à nu la charpente et la maçonnerie afin d’éliminer le champignon en le brûlant au chalumeau. Une fois cette étape réalisée, les éléments en bois sont traités avec une peinture fongicide particulièrement puissante pour prévenir toute récidive. Si certaines structures sont trop endommagées, elles doivent être retirées et remplacées.
Après le traitement, l’habitation reste inhabitable pendant une période de un à trois mois, le temps d’assurer un séchage complet et de vérifier l’efficacité de l’intervention. Un suivi régulier de l’état des boiseries est ensuite indispensable pour éviter toute réapparition du champignon. Dans les cas les plus extrêmes, lorsque la mérule s’est propagée dans l’ensemble du bâtiment et a gravement fragilisé les charpentes, une démolition complète peut être envisagée, bien que cette situation reste exceptionnelle.
Faire appel à des professionnels spécialisés est indispensable pour assurer une éradication efficace et durable. Pour limiter au maximum les risques de propagation des spores de mérule, l’entreprise spécialisée qui intervient dans le cadre d’un traitement d’une habitation touchée par la mérule doit absolument traiter ou incinérer les matériaux contaminés avant tout transport.
Une réglementation spécifique en Bretagne et dans l’Ouest
Le diagnostic mérule, bien que non obligatoire à l’échelle nationale, est fortement recommandé dans les régions à risque. Il permet de déterminer précisément la présence du champignon et d’évaluer l’ampleur des dégâts.
Face à la recrudescence des infestations, plusieurs arrêtés préfectoraux ont été instaurés pour renforcer la vigilance et encadrer la gestion de la mérule.
Dans les zones définies par arrêté préfectoral, comme certaines communes du Finistère (Quimper, Châteaulin, Morlaix) et de la Manche, les vendeurs doivent obligatoirement informer les acquéreurs du risque de mérule. Cette mention doit figurer dans le Dossier de Diagnostic Technique (DDT), annexé aux documents de vente.
La mérule représente une menace sérieuse pour les bâtiments anciens, notamment en Bretagne et dans les régions humides de l’Ouest de la France. Une vigilance accrue, une information transparente lors des transactions immobilières et une prévention active sont essentielles pour lutter contre ce champignon destructeur.