Près de la moitié de la consommation d'énergie est absorbée par les logements, bureaux et commerces. La rénovation thermique indispensable prend du retard, notamment à cause du manque de financement.

Ségolène Royal l’a promis, elle présentera ce mercredi, au Conseil des ministres, son projet de loi sur la « transition énergétique », très attendu. On peut s’attendre à des débats animés. Nucléaire, énergies renouvelables, gaz de schistes sont des sujets de désaccord, y compris au sein de la majorité. Un constat, en revanche, devrait faire l’unanimité : la rénovation thermique des bâtiments doit être au coeur des priorités.

Logements, bureaux et commerces consomment près de la moitié de l’énergie. Ils sont au deuxième rang pour les émissions de gaz à effet de serre, derrière les transports. Les constructions nouvelles ne résoudront pas le problème avant longtemps. Les nouvelles normes sont exigeantes, mais le parc – quelque 33 millions de logements – se renouvelle très lentement, au rythme de 1 % par an.

Gros enjeu économique et social

Pour atteindre l’objectif du « facteur 4 » (division par quatre des émissions de gaz à effet de serre) fixé par la loi Grenelle 1, il faudra nécessairement rénover massivement l’existant. 60 % des logements datent d’avant 1975 et le premier choc pétrolier. Les bâtiments de cette époque consomment cinq à six fois plus que les logements récents.

La rénovation représente un enjeu social et économique important. Les importations d’énergie (70 milliards d’euros) comptent pour 90 % du déficit de la balance commerciale. Le gouvernement estime que la rénovation pourrait créer 75 000 emplois. Réduire la consommation des logements permettrait aussi de rompre le cercle vicieux de la précarité énergétique. Pour 4 millions de foyers, les factures d’énergie absorbent plus de 10 % du budget. Ce sont souvent les familles les moins aisées qui habitent les logements les plus énergivores.

Mais de gros obstacles freinent encore l’ambition affichée par François Hollande lors de son élection : la rénovation de 500 000 logements par an. 160 000 seulement ont été rénovés en 2013, selon les chiffres du Plan bâtiment durable.

Le financement reste la principale difficulté. Les propriétaires n’ont pas toujours les moyens d’investir dans des travaux coûteux et souvent longs à rentabiliser. Pour les 12 millions d’appartements et maisons en location, l’intérêt n’est pas évident : si le propriétaire investit, c’est le locataire qui fait des économies. Dans les immeubles en copropriété (7,5 millions de logements), c’est le consensus entre copropriétaires qui est souvent difficile à trouver.

Autre problème qui reste à résoudre : nombre d’entreprises manquent de compétences et la qualité des travaux s’en ressent. Que Choisir publie dans son numéro de juin l’analyse de diagnostics réalisés pour cinq maisons par des entreprises spécialisées. Le résultat est jugé « désastreux », tant les propositions apparaissent peu pertinentes. De quoi faire hésiter pas mal de propriétaires avant de se lancer dans la rénovation de leur logement.

La loi ferait obligation de rénovation énergétique en cas de travaux de ravalement ou de toiture.

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