Les constructeurs de maisons individuelles s'adaptent avec célérité à la nouvelle réglementation thermique 2012 (RT 2012), visant à diviser par trois la consommation d'énergie des logements neufs, une mesure phare du Grenelle de l'Environnement, applicable le 1er janvier 2013.

« Nous sommes à la veille d’un grand bouleversement. C’est un rendez-vous avec l’Histoire qui ne doit pas être loupé », déclare à l’AFP Christian Louis-Victor, président de l’Union des maisons françaises (UMF) qui réunit la grande majorité des constructeurs de maisons individuelles. Mais « cette réforme tombe très mal car la conjoncture est en baisse et cela va augmenter les prix de vente d’environ 10 % », poursuit le président de l’UMF qui a demandé, en vain, aux pouvoirs publics un « report de 1 à 2 ans ».

Le cabinet de conseils Xerfi estime même que « l’inflation des coûts atteindra au final 15 % à 20 % les premières années contre 7 % à 8 % en moyenne prévus par les pouvoirs publics ».

Pour Patrick Vandromme, PDG de Maisons France Confort (MFC), le numéro 1 du secteur basé à Alençon, « ce n’est pas une évolution, c’est une révolution. C’est comme si soudainement toutes les voitures neuves consommaient seulement 2,5 l aux 100 km ».

  • Baisse de la consommation d’énergie

Un plafond de consommation d’énergie primaire (chauffage, eau chaude, éclairage, climatisation, ventilation) de 50 kilowatts/heure par m² et par an est fixé, inférieur de plus de moitié à la moyenne actuelle d’environ 120 kWh par m² et par an.

Mais, dans le nord et l’est de la France, les nouveaux bâtiments pourront consommer jusqu’à 65 kWh par m² et par an, alors qu’ils devront atteindre une performance de 40 kWh/m²/an sur le pourtour méditerranéen, aux hivers plus doux.

Aussi les constructeurs rivalisent d’ingéniosité dans leurs réalisations présentées récemment lors d’un séminaire technique.

  • Le gaz gagnant

Ainsi Depreux Construction propose une maison « à effet joule, toute électrique, construite en briques avec une isolation renforcée, dotée de convecteurs radiants, d’un ballon thermodynamique ainsi qu’une gestion centralisée des volets roulants et du comptage de l’énergie ». Pour un prix de seulement 125.000 € (hors terrain) pour une surface de 102,5 m². 

« Le chauffage était le poste des charges le plus cher. Cela ne va plus être le cas« , souligne Julien Depreux, dirigeant de cette entreprise d’Orvault, près de Nantes.

Maisons France Confort – qui a travaillé avec Saint-Gobain, EDF, Philips, Somfy et Schneider – mise plutôt sur un « coup marketing », une maison à énergie positive, que la réglementation rendra seulement obligatoire en 2020, associée à une voiture électrique pour les déplacements, dont on peut voir un exemplaire à Saint-Priest (Rhône).

En général les contraintes techniques vont toutefois obliger à un transfert radical du chauffage électrique, 80 % du total actuellement, vers le gaz. « Avec les convecteurs électriques c’est quasiment irréalisable pour atteindre les seuils demandés. C’est le gaz qui va en profiter« , affirme M. Vandromme.

Un choix étonnant alors que la France est auto-suffisante en électricité, grâce aux centrales nucléaires, alors qu’elle est dépendante de l’étranger pour le gaz.

M. Louis-Victor estime que les ventes de maisons prévues en 2013 (110.000) seront largement inférieures à celles de 2012 (125.000), à cause de la détérioration de la situation économique et de la hausse des prix. « Il y aura de la casse et des morts. Mais la baisse des ventes affectera surtout les sous-traitants », conclut Etienne Requin, PDG du groupe Extraco basé à Rouen.

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