Loyers qui explosent. Terrains trop chers. Villes dont il faut "densifier" l'habitat...Le logement coopératif peut apporter une réponse, dans le respect de l'environnement.
Ni locataire, ni propriétaire
Les coopératives d’habitation, « comme il en existe au Québec ou en Suisse », demandent, pour exister, un nouveau statut. Car ce genre de logement se situe « à mi-chemin entre location et propriété, favorisant la mixité sociale, la démocratie et la non-spéculation », précise Bertille Darragon, coordinatrice d’Habicoop, association militante née en 2005, à Lyon. Les habitants prendraient des parts dans les immeubles et les maisons, comme des agriculteurs le font dans une coopérative agricole, sans plus-value possible. Reste à adapter la loi. Trois députés Verts ont fait une proposition en ce sens.
Le prix et les voisins
Une trentaine de projets sont en attente en Rhône-Alpes. Mais d’autres formules d’habitat groupé, s’accommodant de la législation actuelle, voient le jour sous l’impulsion de « personnes qui veulent des matériaux sains et respecter l’environnement. D’autres, âgées notamment, recherchent un voisinage actif et solidaire. C’est parfois le besoin de se loger à moins cher qui prime », explique Olivier Cencetti, coordinateur de l’Écho-Habitants, à Nantes. Chevaigné près de Rennes, a un écohameau. Même chose au Plessis-Grammoire, près d’Angers. Nantes a deux projets.
Le Corbusier, déjà…
Le phénomène n’est pas nouveau. La Cité radieuse de Le Corbusier, à Rezé, près de Nantes, est née dans le creuset de l’habitat coopératif. Juste après-guerre, dans une période marquée par le déficit de logement. Les habitants étaient collectivement propriétaires. En 1971, la loi Chalandon leur a imposé de changer de statut : elle promeut au contraire une France pavillonnaire et individualiste. Aujourd’hui, le régime coopératif permet encore de construire à plusieurs, mais pas de gérer un immeuble ou un lotissement.
Ensemble chacun chez soi
Christian Coppo a réalisé son rêve : il a rejoint le lotissement de la Côte de Bellevue, à Angers. Dix-sept maisons, une cinquantaine d’habitants : cet ensemble HLM est né de la volonté d’habitants « qui veulent vivre ensemble, chacun chez soi ». Ici, on mutualise. Un atelier bois, une salle pour les ados, un four à pain, un studio collectif pour les amis de passage, un potager, trois râteaux, une seule tondeuse. L’association des habitants se réunit chaque mois. « L’une des familles est d’origine algérienne, un autre est malgache. On se parle, on s’entraide. Nous nous apprécions sans être tous des amis intimes. C’est cela, la normalité. »