Les attentes des Français vis-à-vis de l'Etat en matière de logement ne se résument plus à une aide à l'accession à la propriété.
Interrogés sur la « priorité » qui devrait être celle des pouvoirs publics en matière de logement, voici ce que répondent les Français (une enquête du Crédoc):
- Seul un Français sur 5 environ (21 %) répond un soutien à l’accession à la propriété.
- 18 % souhaitent le développement du logement social,
- 15 % évoquent l’aide aux jeunes actifs,
- 15 % recommandent la mobilisation des logements vacants,
- 14 % privilégient l’aide à la rénovation des logements anciens,
- 10 % l’augmentation des aides personnelles.
« Longtemps les politiques du logement ont focalisé leur attention sur l’accession à la propriété« , rappellent les auteurs de l’étude, publiée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc). « Mais parce que les attentes des différentes classes d’âge ou catégories sociales sont très diverses, et parce qu’il faut composer avec la réalité d’un marché immobilier devenu inaccessible pour beaucoup, les attentes de nos concitoyens vis-à-vis des pouvoirs publics sont multiples », notent-ils.
Ainsi la question du logement en France aujourd’hui soulève-t-elle de nombreux problèmes : ceux des ménages des classes moyennes dans l’incapacité d’accéder à la propriété, des catégories modestes accablées par des charges de logement trop lourdes, ou encore des jeunes ne pouvant accéder à l’autonomie résidentielle et à l’emploi, énumère cette étude, commandée par le ministère du Logement.
En conséquence, la multiplicité des priorités évoquées par les Français « reflète à fois la diversité des attentes et des situations de chacun ».
Ainsi les dispositifs d’accession à la propriété sont jugés plus prioritaires par les classes moyennes supérieures, les personnes en couple et celles ayant entre 25 et 39 ans.
« Mais depuis quelques années l’augmentation des prix de l’immobilier est telle qu’il devient quasi impossible aux personnes seules d’acheter leur logement – les couples dont les deux membres travaillent représentent aujourd’hui 62 % des accédants à la propriété contre 35 % en 1990″, souligne l’étude. Ainsi les ménages ayant de bas revenus, les classes moyennes inférieures et les jeunes ont-ils également « de plus en plus de mal à devenir propriétaires« .
Alors qu’en 1970, les locataires avaient à peu près le même niveau de vie que les propriétaires, leur revenu est aujourd’hui inférieur de 38 % à celui des propriétaires, selon les données 2013 de l’économiste Jacques Friggit.
« Ainsi, la baisse des capacités financières des locataires conjuguée à l’augmentation des prix quasi continue, rend l’accession à la propriété quasi inaccessible aujourd’hui aux locataires ».
« Cela explique probablement que les Français ne placent plus cet objectif comme le seul à atteindre par les pouvoirs publics », souligne l’étude.
Cette étude s’appuie sur l’enquête du Crédoc sur les Conditions de vie et aspirations des Français, réalisée deux fois par an depuis 1978, auprès d’un échantillon représentatif de 2000 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas.