Plus de 5 000 Bretons sont assujettis à l'impôt sur la fortune (ISF). La flambée de l'immobilier en est le plus souvent la cause. Ce qui ne veut dire pour autant qu'ils roulent sur l'or.

Enquête

Patrimoine moyen : 1,5 million d’euros. Plus de 5 000 Bretons ont droit, chaque année, aux joies de l’ISF. Montant moyen de leur patrimoine ? 1,5 million d’euros. Soit un impôt annuel d’environ 5 000 ?. Mais attention, cette moyenne recouvre des réalités peu homogènes. Grosso modo, les trois-quarts de ces contribuables relèvent en effet des deux premières tranches de l’ISF, soit un patrimoine compris entre 760&nbsp,000 ? et 2 420 000 ? et un impôt annuel d’environ 1 500 ? par an (voir tableau ci-dessus, chiffres 2007).

Le poids de l’immobilier. « La hausse continue des prix de l’immobilier en est mécaniquement à l’origine », explique Bernard Derrien, inspecteur principal des impôts en Ille-et-Vilaine. Avec 120 % de hausse de l’immobilier en dix ans, la population des contribuables redevables de l’ISF a « doublé au cours de la même période ». La baisse des prix entamée fin 2008 et, surtout, la plongée des portefeuilles d’actions, inverseront sans doute cette tendance. Et le dernier quart, celui des véritables grandes fortunes ? « Un patrimoine essentiellement constitué de placements. »

Le cas de Rennes. Pourquoi une telle concentration de « grandes fortunes » dans le secteur de Rennes ? « Tout Rennais qui a fini de rembourser sa maison peut très vite être concerné », indique Bernard Derrien. Une maison correctement située en centre-ville de Rennes vaut couramment 400 000 ?. Ce qui représente déjà la moitié du patrimoine à partir duquel se déclenche l’ISF. « Pour peu que cette personne fasse un héritage d’une valeur similaire… » Un mécanisme qui a pu donner naissance « au syndrome de l’île de Ré » : un agriculteur en retraite, dont la maison est passée de 40 000 ? voilà quinze ans à 800 000 ? aujourd’hui.

L’iceberg. « L’ISF n’est que la petite partie émergente de l’iceberg », relativise Bernard Derrien. « Les plus riches ne payent pas l’ISF. » Ainsi les dirigeants de société, très nombreux en Bretagne où le tissu économique des PME-PMI est particulièrement dense, y échappent : « leurs actions sont un bien professionnel ». Sans même parler du nouveau bouclier fiscal, on peut aussi réduire l’impôt sur la fortune grâce aux nombreuses possibilités de placements défiscalisés, notamment dans l’immobilier. Au bout du compte, aujourd’hui, « celui qui paye l’ISF c’est parce qu’il le veut bien ».

La Bretagne comme Paris. Plusieurs collègues de Bernard Derrien, qui ont précédemment travaillé à Paris, l’affirment : il n’y a pas de différence significative entre la Bretagne et Paris. La valeur moyenne des patrimoines y est très similaire. « La situation est même davantage homogène en Bretagne, où il y a moins de grands écarts dans le tissu social. »

A ceci près qu’en Bretagne aussi, quelques zones très particulières concentrent les plus grandes fortunes : le centre de Rennes, Saint-Malo, Dinard, le golfe du Morbihan, Bénodet, etc. Mais, là aussi, la hausse de l’immobilier conjuguée avec l’afflux de retraités parisiens venus s’installer en Bretagne peuvent expliquer en grande partie le phénomène.

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