La crise sanitaire a exacerbé un questionnement déjà présent : Comment repenser l’habitat sous l’angle de la qualité des matériaux et du confort de l’habitant ?

Lors du premier confinement dû à l’épidémie de Covid-19, l’assignation à résidence pour 67 millions de Français aura eu au moins ce mérite : repenser l’habitat sous le prisme de l’habiter. Sans surprise, la crise sanitaire a révélé la fracture existante entre les bien-logés et les mal-logés. Un sondage, mené par l’institut Ipsos pour l’association Qualitel (voir sondage), a montré que 20 % des Français ont « mal supporté » leur logement pendant le confinement. L’étude détaillée des profils démontre qu’il y a bien eu plusieurs profils dans la France du confinement. Leur portrait type : jeunes, vivant dans une grande ville, locataires, en appartement et à faibles revenus. 28 % des personnes confinées en appartement jugent que leur logement est tout à fait adapté, contre 65 % de celles vivant en maison.

Les Français qui jugent leur logement inadapté au confinement pointent le manque d’un espace extérieur (52 %), la surface habitable trop petite (49 %), l’absence d’une pièce pour s’isoler (33 %). Au final, 38 % des habitants d’appartements affirment que cette période leur a donné envie de déménager, soit trois fois plus que les habitants de maison…

Des extérieurs habitables

Face à cette crise sans précédent, l’architecte Maxime Le Trionnaire (agence a/LTA) comme beaucoup de ses confrères, estime que « le Covid donne des arguments supplémentaires pour aller vers plus de qualité encore ». Avis partagé par les Nantais de l’agence Guinée-Potin : « Forcément, après le confinement, nous aimerions tous proposer de grandes surfaces extérieures, s’exclame Hervé Potin. Aujourd’hui, la moyenne s’établit autour de 6m2 pour un T3 et 9m2 pour un T4. À partir de 12m2, on considère qu’il s’agit d’un extérieur généreux. Cependant, au-delà de la surface disponible, c’est « l’habitabilité » qui compte : pouvoir se protéger côté rue avec un garde-corps en béton plein ; ménager des décalages pour récupérer une vue et une orientation ; épaissir ponctuellement la largeur pour pouvoir installer une table et des chaises… »

Confort acoustique

Garantes du confort et de l’intimité, les qualités acoustiques des logements ont été fortement corrigées par la réglementation thermique (RT 2012) avec des exigences renforcées en matière d’isolation. Les normes spécifiques au confort acoustique sont regroupées sous l’appellation Nouvelle réglementation acoustique (NRA) qui s’adresse aussi bien aux maîtres d’ouvrage de la construction qu’aux occupants. Certains systèmes constructifs, plus risqués et clairement identifiés, comme les planchers bois par exemple, appellent un traitement phonique particulier.

Des sources variées de lumière naturelle

Le ratio de vitrages par rapport aux murs opaques s’établit actuellement à un sixième des parois du bâtiment. Nombre d’architectes bataillent pour aller bien au-delà, car l’apport de lumière naturelle nécessaire pour l’équilibre énergétique de l’habitat est aussi une source de bien-être pour l’habitant. « La question des formats d’ouvertures reste une vraie bataille sur les usages et sur les coûts, poursuit l’architecte nantais. Dans un salon, disposer d’une grande porte vitrée de 2,10m, n’apporte pas du tout la même sensation d’extérieur qu’un châssis ouvrant avec une allège à 1,20m. Le corps est contraint. L’appréhension de la vue est tronquée. » Même propos du côté de l’agence a/LTA qui porte autant que possible le ratio à 1/3 de vitrage, cherche à réduire l’épaisseur des bâtiments et à créer des failles pour des logements traversants et multi-orientés.

Des espaces en plus

Les concepteurs recherchent aussi des solutions d’extensions au logement. Jardins d’hiver, parties communes appropriables, celliers partagés… « Cet espace en plus s’impose peu à peu, poursuit Hervé Potin. Nous venons de livrer plusieurs opérations qui déclinent ce type de proposition. »

À Rezé, le projet Jaguère (Atlantique habitation, GHT et Ataraxia) propose ces possibilités d’extension à l’échelle privative et collective avec des cabanes cellier sur les balcons filants et des halls hypertrophiés en pied d’immeubles pour accueillir une bibliothèque commune et salle de réunion.

Également pour élargir les possibilités d’usage de l’habitat collectif et fabriquer de nouveaux liens sociaux qui contribuent aussi à une vie urbaine plus solidaire et de fait plus douce.

 

Source : Supplément Immo Ouest-France Nantes // Anne-Élisabeth BERTUCCI.

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