L'État a durci le ton. Pour preuve, le plan présenté par la ministre de l'Écologie la semaine dernière. Les élus affirment avoir tiré les leçons. Les écologistes craignent que non.

Enquête

C’est une image forte : une maison grignotée par les pelleteuses pour rendre les dunes à la nature. Entre Brétignolles et Saint-Gilles, le conservatoire du littoral a acquis 68 ha pour les protéger. Depuis Xynthia, l’État jette un regard plus sévère sur l’urbanisation. Et pas seulement sur celui de la côte.

Autour des cours d’eau, c’est désormais la cote centenaire qui prédomine et non plus les crues trentenaires. « Pour un lotissement, on a dû rehausser tous nos bâtiments de 50 cm », raconte un promoteur. Un élu du centre de la Vendée confirme : « La réglementation s’est durcie. L’État ne passe sur rien. »

Cette fermeté, on la retrouve dans le plan présenté la semaine dernière par la ministre de l’Écologie. Nathalie Kosciusko-Morizet a ainsi affirmé « qu’aucune digue ne sera autorisée pour ouvrir l’urbanisation de nouveaux secteurs« . Un autre exemple ? C’est le préfet qui s’oppose aux demandes des cimentiers d’extraire du sable au large de Noirmoutier, faute de pouvoir mesurer précisément l’impact sur les courants, et malgré un… avis favorable de la Dréal (1) !

« Les vieilles habitudes »

Les leçons de Xynthia ont-elles été tirées ? Au premier abord, oui. Mais les écologistes ne sont pas aussi affirmatifs. « On a même plutôt le sentiment que rien n’a été remis en cause sur le littoral, rectifie Yves Le Quellec, président de Vendée nature environnement. Les grands principes d’aménagement, dans un département réputé pour son attractivité touristique, restent exactement les mêmes. »

Sur le terrain, les projets ne manquent pas. C’est le port de Brétignolles, bientôt soumis à l’enquête publique. Ce sont, encore, des lotissements à l’étude à Noirmoutier… « On reprend déjà les vieilles habitudes« , affirme l’écologiste. Ce n’est pas le sentiment de Noël Faucher, le maire de Noirmoutier. Lui aussi tempête contre l’État, « incapable de prendre des décisions ». Mais pas pour les mêmes raisons. « L’État préfère les lézards à la sécurité des populations« , critique l’élu, agacé du retard pris dans les travaux de consolidation des digues.

Pourtant, il n’a pas l’intention de construire dans les zones dangereuses. « Ce serait de la folie douce. » Mais pas question, non plus, de s’interdire tout développement. « Le Japon n’a pas arrêté de construire parce qu’il est sur une faille sismique. Il faut qu’on s’adapte. »

« L’État ne doit pas empiler les normes pour ouvrir le parapluie administratif », ajoute un promoteur. « Ils sont prêts à bâtir un Fort Boyard autour de l’île », s’étrangle Marie-Thérèse Beauchêne, de l’association Vivre l’île 12/12, quand on lui parle d’urbanisation.

(1) Direction régionale de l’environnement et de l’aménagement du littoral.

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